VOTRE OPINION ET LA NOTRE 2/2

27 Mai 2012, 09:00am

Publié par nosloisirs

Les hôpitaux dont l'entretien coûte si cher, inspirent une véritable terreur à beaucoup de pauvres gens ; il y a contre l'hôpital un préjugé dans les classes mêmes auxquelles il est destiné ; par contre, on a constaté que beaucoup de personnes aisées, qui pourraient se faire traiter chez elles, vont à l'hôpital recevoir des soins gratuits.

L'hôpital anglais n'existe pas la nature répugnance parce que rien n'y est épargné pour atténuer l'impression pénible du malade ; l'air et la lumière y circulent à flots ; des fleurs égayent toutes les salles, les infirmières vêtues presque avec élégance et d'une parfaite correction, s'adressant au plus humble travail leur comme s'il était un gentleman.

Cet exemple à beaucoup frappé les Français qui connaissent Londres. Des particuliers ont fondé à Paris une école modèle de gardes malades qui aura bientôt la consécration officielle. On y admet des jeunes filles d'au moins de dix huit ans qui paient pendant deux ans une pension de 800 francs, et qui obtiennent ensuite — une fois leur préparation achevée et leurs services utilisables — 1 200 francs de traitement avec un mois de vacances et quatre jours de repos mensuel. Elles reçoivent l'enseignement convenable de leur profession, ne médecine générale, hygiène, anatomie, petite chirurgie, gynécologie, et suivent même des cours de morale et de philosophie. Elles vivent dans un milieu intelligent et rigoureusement respectable.

Un temps viendra où ce sera presque un agrément de tomber malade, tant l'on sera bien soigné.

Il semble que le rôle des pouvoirs publics soit de protéger les contribuables. Et on a souvent reproché aux contribuables français de s'en remettre, de façon très moutonnières, aux décisions de leurs élus. Nous attendons volontiers de l'État les initiatives que bien souvent, nous devrions prendre nous-mêmes. Mais voilà qu'à Paris les commerçants et les industriels du IXe arrondissement instituent une organisation de self-défense qui n'est guère encore dans les mœurs françaises. Et savez-vous conte qui les commerçants du IXe ont décidé à s'unir ? Je vous le donne en cent ; je vous en donne en mille. Ils ont fondé … tout simplement un « Syndicat contre les pouvoirs municipaux »

Ils reprochent à leurs élus de n'avoir pas su provoquer les mesures nécessaires après les derniers accidents d'autobus. Qui a raison, qui a tort ? Les électeurs, les élus, les autobus ? Peu importe mais n'est-il pas curieux de voir, en France de simples contribuables se liguer contre ceux qu'ils ont nommés pour les défendre ?

Beaucoup de Français croient que le Panthéon abrite seulement des « grands hommes » très connus : Voltaire, Victor Hugo, le président Carnot, le navigateur Bougainville, le mathématicien Lagrange, le maréchal Lannes.

Mais les Anglais qui visitent chaque jour en bandes nombreuses, la nécropole nationale vous apprendront quelle est habitée par une foule de « grands hommes » assez inconnus. Avez-vous entendu parler de M. Resnier sénateur ? de M. Petiet ministre ? Des sénateurs Bénère, Saint-Christian, Demeunier, Claret, Sers, Morand de Galles, de Viry, de Cossé (Timoléon) et de l'amiral Thévenard, du général d'Orsenne, du comte Walther, du cardinal Erskine, du comte Legrand, du ministre Cretet de Champol ? Non, n'est-ce pas ? Il paraît pourtant que « La Patrie est reconnaissante » à ces citoyens de services que nous avons oubliés.

La différence n'est donc pas aussi grande qu'on se la figure, entre les caveaux du Panthéon et le premier cimetière venu. Quelques hommes réellement célèbres y reposent au milieu d'une foule obscure. Mais ça fait toujours plaisir aux galopins de la Montagne Sainte Geneviève d'entre la musique militaire.

REVUE NOS LOISIRS DU 19 AVRIL 1908

TOUS LES LUNDIS A 14 HEURES SERIE DE PHOTOS

Commenter cet article