VOTRE OPINION ET LA NOTRE 1/2

26 Mai 2012, 09:00am

Publié par nosloisirs

La réforme du jargon judiciaire et la rédaction des grimoires en langage vulgaire seront bientôt accomplies. Rien n'avait changé depuis les ordonnances de Colbert.

Les huissiers auraient pu, de leur propre initiative formuler clairement les conclusions qu'ils avaient à signifier ; mais ils recopiaient machinalement, depuis deux siècles, le galimatias inauguré par les Plaideursdu vieux temps. Les gens de robe qui se piquent pourtant d'appartenir au monde intellectuel n'aiment pas se fatiguer les méninges.

Ils accueillent d'assez bonne grâce la décision qui vient de leur être notifié. L'effort ne sera pas prolongé ; une fois les nouvelles formules adoptées, ils les feront imprimer sur feuilles bleues, et ce sera une affaire réglée pour deux ou trois cents ans.

Nous aurons désormais la joie de comprendre ce qu'on nous demande, quand on nous le demande sur papier timbré. Ce sera plus commode pour discuter. L'usage de plus en plus commun de la machine à écrire, qui rend visible les pièces de procédure, et qui pourrait même lisibles les ordonnances de médecins, ajoute encore au progrès réalisé.

C'est à se demander quel emploi nos descendants de leur intelligence, tant leur seront aisées les actions essentielles de la vie, comme de plaider ou de prendre médecine.

Les lecteurs de Nos Loisirsont suivi avec autant d'intérêt que de profit ce que leur Magazine a publié au sujet de l'alimentation saine à bon marché.

Les ouvrages qui traitent cette importance question se multiplient ; et c'est fort heureux ; on avait trop négligé le problème capital de l'existence. Toutes les indications et les conclusions qui furent exposées ici trouvent leur confirmation dans les livres nouveaux.

Les auteurs s'accordent à dénoncer les mauvais effets de ce qu'on appelait jadis un régime réconfortant, fortifiant, généreux. Dans l'état actuel de la civilisation, avec les moyens et les tentations multiples que nous avons d'éviter la fatigue physique, la population des villes souffrent surtout d'un excès de nourriture. On mange trop, on mange mal, on mange fréquemment ce dont il faudrait s'abstenir.

Les viandes, les bières fortes, le thé des Indes où de Ceylan, même les légumineuses, introduisent dans l'économie un excès d'élément nuisibles. L'acide urique, principe d'une infinité de maux, est en grande partie le produit d'une alimentation mal appropriée aux besoins réels. On arrive à l'éliminer par divers traitements et par l'ingestion de certaines eaux minérales ; mais il est plus sage de ne pas laisser se former. Le salut est dans la sobriété.

En s'arrogeant le droit de dévorer les autres animaux, l'homme commettait un crime qu'il expiait ensuite par la maladie ; la justice immanente à toujours le dernier mot —du mois en physiologie !

C'est bien le cas de M. Prudhomme de s'écrier que le char de l'État navigue sur un volcan ; la place de la Concorde elle-même s'effondre, symboliquement sous le pied des législateurs qui vont à l'Église de la Madeleine ou de la Taverne Maxim's au Palais Bourbon.

Il paraît que les dessous de l'ancienne place Louis XV qui fut aussi la place de la Révolution, consistent en able mouvants ; emblème de l'instabilité des régimes politiques et de la faveur populaire. Le Métropolitain, fouillant le sol perfide, y a provoqué des perturbations. Et voilà Paris privé, pour un temps indéfini de son principal ornement.

L'Obélisque de Louqsor, témoin de tan événements à travers les siècles, et déporté des rives ensoleillé du Nil aux bords brumeux de la Seine, va disparaître un de ces jours comme par une trappe. Et la fameuse place de concierge de l'obélisque si recherchée par les clients des politiciens, sera supprimé au budget.

Cette hypothèse enflamme déjà d'espoir les architectes et les sculpteurs qui voudraient mettre un de leurs produits à la place du monolithe. Mais les derniers défenseurs de la beauté de Paris tremblent d'effroi ; quel monument ridicule érigera-t-on sur cette place unique au monde, pour en gâter les proportions, en boucher les perspectives, en détruire la beauté ? Faisons tous les vœux pour que l'Obélisque tienne bon.

REVUE NOS LOISIRS DU 19 AVRIL 1908

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