VOTRE OPINION ET LA NOTRE 2/2

20 Août 2013, 09:00am

Publié par nosloisirs

N° 44

VOTRE OPINION ET LA NOTRE

L'opéra va devenir au sens littéral du mot le conservatoire des œuvres lyriques ; il conservera même la voix de leurs interprètes... en cylindres de phonographe.

Dans les caves du monument, l'ancienne direction a installé des coffres où seront déposes les rouleaux et les disques valables pour l'éternité. Tandis que les chanteurs vivants interpréteront sur la scène les chefs-d’œuvre de Gounod, de Verdi, de Saint Saëns, de Meyerbeer, de Massenet, de Rossini, d'Adam, de Mozart, il suffira de descendre quelques degrés pour réveiller la voix des chanteurs morts et faire la comparaison. Musique à tous les étages.

Alors on sera délivré des vieux amateurs qui passent leur temps à dénigrer nos contemporains en exaltant leurs prédécesseurs et qui répètent sans cesse : « Ah ! Si vous avez entendu Machin !... Ah ! Si vous aviez entendu l'incomparable Tartempion !... C'était bien autre chose. Mais la tradition est perdue » Au premier mot que nous lâcherons ces obstinés admirateurs de ce qui n'est plus nous les entraînerons à la cave et nous mettrons deux sous dans la fente de l'appareil. Alors on verra bien.

Maintenant il faudra conserver aussi dans la métropole des pellicules de cinématographes qui enregistreraient l'interprétation des ballets par les jambes des danseuses.

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L'effroyable consommation de bois qui résulte du développement de la presse et de la librairie dans le monde moderne prépare la disparition des forêts. On a souvent dans Nos Loisirs étudié cette situation, si grave pour l'avenir de l'humanité en général pour la prospérité de la France en particulier. Il est urgent qu'on découvre pour la fabrication du papier autre matière que le bois ; autrement la terre devenue chauve sera bientôt sèche et stérile.

On croit avoir résolu le problème au Texas en utilisant la tige du cotonnier, jusqu'ici sans emploi. Après la récolte du coton, les planteurs étaient embarrassés de la plante, qu'il faut arracher et détruire. Si les fibres de la tige et de la feuille sont utilisables sous forme de pulpe à papier, un revenu supplémentaire s'ajoute au produit normal de la culture cotonnière ; et même dans le cas où quelque épidémie détruit le coton proprement dit, le cotonnier dédommagera le planteur. Il paraît que le papier provenant de cette pâte est d'une qualité presque égale au papier de chiffons qui est, comme on sait, le papier le plus cher. Si les Américains ne s'abusent pas, les forêts qui n'ont pas encore disparu pourront survivre et leur salut est lié à celui de l'espèce humaine.

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Nous pouvons attendre le choléra de pied ferme ; les savants nous ont donné de sûrs moyens de le combattre. Ainsi le sous-directeur de l'institut Pasteur nous prodigue les conseils suivants : Évitez de prendre les aliments avec les mains, ne mangez des fruits et des légumes qu'après les avoir trempés dans l'eau bouillante, chauffer le vin et la bière à 70 degrés, etc.

Comment prendra-t-on son pain sans se servir des mains ? Comment les fruits seront-ils crus en sortant de l'eau bouillante ? Comment avalera-t-on le bock bien frais à 70 degrés. Le savant hygiéniste ne le dit pas. Ses confrères en grand nombre fournissent des indications analogues. Il deviendra si compliqué de vivre ans ces conditions qu'il sera préférable de mourir. Il est bien connu chez les peuples orientaux que la peur du choléra tue beaucoup plus de gens que le choléra lui-même.

N'ayons pas peur, c'est la meilleure hygiène. Les excès qui sont funestes en temps de choléra sont funestes toujours. Soyons sobres et propres ; c'est une règle en tout temps. Gardons notre sans froid en face du fléau comme en face de tous les périls, et nous aurons plus de chance d'y échapper qu'en nous affolant. Pour le reste considérons que si nous ne mourons pas de ce mal, nous mourrons inévitablement d'un autre.

REVUE NOS LOISIRS DU 1er NOVEMBRE 1908

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