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MOINEAUX SANS NID N° 134

28 Avril 2012, 09:00am

Publié par nosloisirs

 

CHAPITRE 134Le trajet Paris Barcelone parut interminable à Valérie Labeille. En premier lieu, parce que l’impatience de rejoindre son père la dévorait, et, ensuite, parce qu’elle était désespérée d’avoir laissé Pierrot et Mireille seule à Paris.

Pendant ce voyage, Estelle Marnier lui avait beaucoup parlé der son père, lui révélant toutes les confidences qu’il lui avait faits, et de son côté, Valérie avait raconté sa pauvre et triste existence.

Un immense courant de sympathie s’était créé entre les deux jeunes femmes et Estelle fut vite et entièrement convaincue e la bonté et de l’innocence de la fille de son grand ami.

Elle atteignirent enfin Barcelone et se rendirent aussitôt au chevet de Michel Labeille, dans la belle villa où il habitait.

En revoyant sa fille, le malheureux éclata en sanglots. Il lui ouvrit tout grand ses bras en murmurant d’une voix hachée de larmes :

— Ma Valérie ! Ma petite fille chérie ! J’ai été si cruel envers toi ! Pardonne-moi, je t’en supplie !

Bouleversée, le visage ruisselant de pleurs, la pauvre enfant répondit dans un souffle :

— Tout est désormais oublié, papa, puisque nous voici de nouveau réunis !

Il l’enveloppa d’un regard plein d’une indicible tendresse, et reprit avec un douloureux hochement de tête :

— Ma pauvre chérie, comme tu as dû souffrir ! Tu es si bonne ! Il est impossible que tu aies pu commettre toutes les horreurs dont l’on t’a accusée !

Un pauvre sourire erra sur les lèvres pâles de la jeune femme.

— En effet papa, soupira-t-elle. Je n’ai cessé d’ailleurs de le répéter ; j’ai été victime d’un être démoniaque qui a dominé entièrement ma volonté, et le plus lâchement du monde.

— Je le sais, Valérie, approuva Michel Labeille d’une voix éteinte. J’ai longuement réfléchi à toutes ces choses et je me suis entretenu de cette question avec des médecins éminents qui m’ont affirmé la vérité de ce que tu dis.

Un long soupir échappa à la jeune femme, et elle ajouta amèrement.

— Vois-tu, papa, c’est l’unique faute que j’ai commise de me laisser circonvenir ainsi, et bien malgré moi, car je n’ai jamais aimé cet homme qui m’a dominée de sa volonté jusqu’à ce qu’un second et véritable amour m’en ait libérée ...

Michel Labeille regarda sa fille avec inquiétude, puis demanda d’une voix hésitante mais très douce :

— Et ce ... ce nouvel amour, ma chérie ?...

Le beau visage de Valérie se teinta d’une exquise rougeur ; ses paupières aux longs cils sombres et soyeux s’abaissèrent comme pour cacher à son père l’éclat de ses prunelles.

— Je le ressens pour un homme loyal et très bon, papa murmura-t-elle et qui, lui aussi, m’aime passionnément !

— Il s’agit, sûrement de ce garçon que j’avais entrevu chez toi à mon dernier passage ? Demanda de nouveau Labeille, fixant intensément sa fille, comme s’il cherchait à lire dans son cœur.

— Oui, avoua tout bas Valérie, les yeux remplis soudain de larmes, et tu l’as vu au moment où bien que très épris l’un de l’autre, nous nous quittions pour toujours !

— Comment ? Je ne comprends plus ! S’écria Michel Labeille, stupéfait.

Un second et long soupir échappa à Valérie.

— Oui, papa, expliqua-t-elle avec désespoir, notre amour est impossible ; je suis innocente, et, en mon cœur, je me considère pure de tout pêché mais en même temps, je ne me trouve pas digne de partager la vie d’un homme aussi loyal et aussi digne.

Labeille ne sut retenir une exclamation d’étonnement, puis il ajouta :

— Ma petite ! Ma pauvre petite fille ! Que ces paroles que tu viens de prononcer me font mal ! Pardonne-moi, ma chérie, car je suis la cause principale de tous tes malheurs !

— Non, c’est faux, papa ! Et je ne veux pas que tu parles de la sorte, protesta-t-elle avec élan.

Mais le malade reprit tristement :

— Jamais je n’aurais dû t’abandonner lorsque je suis reparti à l’étranger pour refaire fortune ... Et, à mon retour, j’aurais dû également me montrer plus compréhensif et te témoigner davantage de confiance, car tu as toujours été un ange de bonté, comme le fut ta pauvre maman que j’espère de tout mon cœur aller rejoindre d’ici peu.

— Je ne pense pas que ton état de santé soit aussi mauvais, papa, assura Valérie, et je suis certaine que tu vivras encore de nombreuses années pour nous permettre d’être heureux ensemble !

— Oui, mais pas dans notre patrie ! Murmura tristement le malade.

— Si, papa, répondit Valérie avec fermeté, car je ne tarderai pas à rentrer en France, où je resterai tant que je n’aurai pas prouvé mon innocence et n’aurai pas été réhabilité.

Le vieil homme la fixa longuement puis poursuivit :

— Crois-tu que la chose ce soit possible, ma chérie ?

— Oui, affirma la jeune femme avec énergie, car je suis innocente. Et puis, je le veux aussi afin de pouvoir un jour m’unir à l’homme que j’aime en lui disant : « Tu n’as plus à avoir honte de moi ! »

Elle se tut un instant, puis demanda à Michel Labeille :

— Est-ce à cause de moi que tu ne veux pas retourner en France, papa ?

Ne sachant guère mentir, le malade répondit :

— Oui. Je n’y retournerai que lorsque ton innocence aura été établie aux yeux de tous.

— Alors, tu ne m’y accompagneras pas pour me soutenir dans la terrible lutte que je vais entreprendre ? Questionna-t-elle angoissée.

— Je pense qu’il vaut mieux cesser de parler de tout cela pour le moment, mes amis, intervint Estelle Marnier qui était, jusqu’ici, demeurée immobile et silencieuse dans un coin de la pièce. Maintenant, il ne faut songer qu’à la guérison de monsieur Labeille.

— Vous avez raison ! S’exclama Valérie. Parlons de choses moins désagréables !

Elle se pencha sur son père et posa un tendre et doux baiser sur son front.

— Si tu le permets, papa, je vais visiter la ville, se rafraîchir un peu le visage et changer de robe. Puis je reviendrai m’installer à ton chevet jusqu’à ce que tu puisses commencer à te lever.

Le malade l’enveloppa d’un regard plein d’amour et de reconnaissance.

Valérie s’éloigna, visita la belle habitation achetée par son père, prit possession de sa chambre, qui communiquait avec celle de Michel Labeille, puis, après avoir fait un brin de toilette, elle retourna s’asseoir près de son lit.

La présence de Valérie sembla améliorer sérieusement l’état de santé de Michel Labeille.

Durant les longues heures passées à son chevet, la jeune femme lui fit le récit détaillé de toutes ses mésaventures, et des heures si tragiques de sa vie, depuis qu’il l’avait abandonnée pour partir à l’étranger, avec l’indifférence propre aux hommes d’affaires, si peu sensibles aux questions sentimentales incapables de réaliser l’importance, pour un être tendre et aimant, de la privation d’une affection sincère et de se trouver si isolée, malgré les liens matériels.

Mais lorsqu’il avait été atteint par la maladie, et seul à son tour, il s’était alors rendu compte de tout ce dont il s’était volontairement privé.

Durant son éloignement alors qu’il travaillait sans répit pour reconstruire la fortune perdue, Michel Labeille avait la consolation de se dire que, dans sa patrie lointaine, sa fille l’attendait pour lui prodiguer, à son tour, les trésors de sa tendresse, et cela suffisait pour lui donner le courage et la force nécessaire à sa tâche.

Il avait devant lui la perspective du repos et du bonheur bien gagnés ; mais à son retour, lorsqu’il s’était trouvé devant ce drame, après avoir renié son enfant qu’il croyait indigne, il lui avait semblé dans un abîme sans fond, en pleines ténèbres !

Bien sûr, il avait réagi ensuite. L’énormité même des accusations formulées contre Valérie lui avait fait comprendre que la malheureuse ne pouvait être capable de crimes aussi affreux et qu’elle était le jouet d’une fatalité terrible !... Non, certes, il ne pouvait avoir engendré un tel monstre !

Le jour même où Estelle et Georges Bertil étaient partis ensemble pour Paris, à la recherche de Valérie, un domestique était venu annoncer la visite d’un de ses compatriotes, désirant l’entretenir de choses de la plus haute importance.

Michel Labeille avait ordonné de le faire entrer.

Quelle n’avait pas été sa stupeur en voyant pénétrer dans sa chambre ... Jean Marigny ! Il n’arrivait pas à en croire ses yeux.

— Que me voulez-vous, misérable ? S’était-il écrié, indigné en se soulevant péniblement sur ses oreillers.

— Je vous supplie de vous calmer, Monsieur ! Avait répliqué cyniquement le triste personnage. Je suis venu vous voir en apprenant que vous regrettiez votre conduite envers Valérie et que vous l’avez envoyée chercher.

— Et après ? Comment pouvez-vous avoir l’audace de vous présenter chez moi ? Avait reprit le père de Valérie avec colère.

Le misérable avait haussé les épaules en reprenant :

— Ce qui s’est passé entre votre fille et moi, Monsieur, ne peut s’effacer facilement. Je n’ignore pas que je suis un être indigne et méprisable ...

— Vous devriez être pendu ! Interrompit le malade, hors de lui.

— Vous avez certainement raison ! Admit Jean Marigny avec humilité, mais je crois qu’il ne vous plairait pas non plus qu’un homme ayant été aussi intimement lié à votre fille ait une fin aussi infamante !

— Vous vous trompez, car je m’en moque ! Affirma Michel Labeille.

— Permettez-moi d’en douter, reprit l’autre avec calme. Tant que je serai libre et caché et que ma culpabilité n’aura pas été prouvée ...

— Après ce qui s’est passé, coupa Labeille avec violence, nul ne peut plus en douter.

— C’est possible, admit Marigny en soupirant. Comme vous êtes un homme cultivé, vous devez également savoir qu’à présent on possède des conceptions très diverses des crimes, et que je puis passer pour un homme ... anormal.

— Je n’ignore pas la théorie de l’irresponsabilité causée par une infirmité mentale, admit le malade avec une ironie bien visible, mais elle ne peut vous être appliquée car vous êtes un ignoble bandit, un vulgaire malfaiteur volant et tuant par cupidité !

Marigny l’interrompit à son tour, l’air exaspéré.

— C’est faux ! Hurla-t-il. Je n’ai pas tué cette artiste pour la volet. Elle était ma maîtresse, j’étais absolument fou d’elle, et elle m’avait trahi. Nous eûmes, à cause de cela, une très violente dispute. Je perdis complètement la tête et je la poignardai.

— Mais vous lui avez également volé ses bijoux ! Fit remarquer Labeille durement.

— C’était l’unique façon d’égarer les soupçons de la police, expliqua le misérable avec une feinte tristesse. Autrement, j’aurais été arrêté pour crime passionnel. C’est la pure vérité !

— Que ce soit la vérité ou pas, ça ne m’intéresse pas du tout, déclara sèchement le père de Valérie. Allez-vous-en, car votre présence me fatigue.

— Pourtant je ne suis venu vous voir que pour me disculper ! S’exclama cyniquement le misérable.

Michel Labeille le fixa étonné, puis demanda brusquement :

— Que me voulez-vous donc ?

— Que vous me donniez la possibilité de me racheter, expliqua Jean Marigny.

— Moi ? S’écria le malade avec stupeur.

— Oui, vous, parce que seul vous pouvez me la fournir, continua le voyou. Il est, en effet, très malheureux pour votre fille de m’avoir rencontré, mais lorsqu’elle saura que je tiens à me racheter car mon travail et une conduite exemplaire, elle me témoignera, sans doute, un peu de compassion.

— Pour faire ce que vous dites, vous n’avez besoin de l’aide de personne, fit sévèrement Michel Labeille.

— Essayez de me comprendre, Monsieur. Lorsqu’un homme, par sa faute ou à cause de certaines circonstances, commence à se laisser glisser vers le mal, il n’a aucune chance de s’en sortir, à moins qu’une main secourable lui soit tendue.

— Et cette main serait la mienne en l’occurrence ? Ironisa Labeille.

— Vous êtes l’unique personne qui puisse s’intéresser à moi. Si vous ne m’aidez pas, j’en serai réduit à me tirer une balle dans la cervelle, ce qui m’ennuierait considérablement, car j’ai la faiblesse de tenir encore à la vie ! Et puis ... vous ne pouvez savoir combien je regrette le mal que j’ai pu faire à votre fille !

Ainsi,vousadmettezlavoirséduiteenlhypnotisant ?Sempressadeluidemanderlemalade.

— Je ne pouvais agir autrement, reconnut le triste personnage. Je l’aimais passionnément et n’avais que cet unique moyen pour obtenir son amour.

— Et ... et elle ?

— Elle était tout à fait innocente simplement dominée par la puissance de ma volonté. Vous voyez que je suis très franc avec vous, monsieur Labeille ; en effet, j’aurais très bien pu ne pas vous avouer cela et vous laisser croire qu’elle répondait, elle aussi, à ma passion. Mais je ne veux pas mentir ! L’heure a sonné pour moi d’être sincère ; vous pouvez donc rendre toute votre affection à votre pauvre enfant. Elle la mérite à elle en est digne ...

Marigny se tut, et un pénible silence pesa dans la pièce. Labeille ému, semblait profondément réfléchir.

L’aveu du misérable l’avait impressionné. Après tout, et si méprisable que fût cet homme, ces paroles avaient apaisé légèrement son âme, si cruellement meurtrie par la révélation de la culpabilité de Valérie.

— C’est pourquoi une attitude hostile et distante se modifia, et il demanda d’un ton moins acerbe à Jean Marigny !

— Que puis-je donc faire pour vous ?

— Me procurer du travail, répondit aussitôt le misérable. Vous dirigez une très importante compagnie cinématographique, et il vous sera certainement assez facile de m’y trouver un petit emploi.

— Non, répondit Labeille, il m’est impossible de vous employer dans mon entreprise. Si j’accepte de vous aider, je ne puis le faire qu’en cachette et nul ne doit le savoir. Comprenez-vous ?

— Mais ... mais pourquoi ? Demanda l’autre, simulant la plus parfaite stupeur.

— Parce que répliqua sévèrement le père de Valérie, si j’agissais comme vous me le demandez, cela équivaudrait pour moi à admettre aux yeux de tous que ma fille s’intéresse toujours à vous et que je ne suis pas hostile à vos ... relations. En outre, je veux être franc à mon tour et je vous avoue que je n’ai aucune confiance à votre remord.

— Donnez-moi au moins la possibilité de vous le prouver ! S’écria Marigny après une imperceptible hésitation. Si je veux vivre, et à cause de ma situation actuelle, il me faut recourir à des moyens ... illicites.

— Pourquoi ? Demanda le malade en le fixant très attentivement.

Marigny haussa les épaules, sourit, et expliqua avec amertume :

— Pour la simple raison, Monsieur, que la société me rejette et que, partout où je me présente, on me repousse en apprenant qui je suis ! Seuls les hors-la-loi m’accueilleront, car, pour eux, il n’est pas nécessaire de présenter des papiers en règle. Mais être des leurs serait tombé dans un abîme dont il me sera impossible de me tirer.

Le bandit s’était exprimé avec un tel accent de sincérité que son interlocuteur en fut touché. Aussi, après avoir réfléchi quelques minutes, le père de Valérie répondit :

— Eh bien ! Entendu ... Je vais vous donner la possibilité de vous en sortir, mais avec des moyens très réduits. Voici : je vous verserai tout juste de quoi ne pas mourir de faim, pour vous éviter de recourir à des gens équivoques. Cela ne vous empêchera pas, d’ailleurs, de fournir certains efforts pour les tâches que je vous imposerai personnellement. Si, d’ici quelques temps, je vous juge sérieux et sincère dans vos intentions de reprendre le droit chemin, alors je verrai ce que je pourrai faire d’autre pour vous.

Jean Marigny eut quelque peine à dissimuler la contrariété provoquée par cette offre ; il s’était attendu à bien plus de la part de Michel Labeille. Pourtant, il fuit forcé de taire sa déception.

— Je vous remercie infiniment, Monsieur, répondit-il, bien que vous m’offriez pour ainsi dire, presque une aumône, ce qui me répugne beaucoup !

Le malade le fixa intensément, comme s’il cherchait à lire dans sa pensée.

— Je comprends vos scrupules, dit-il mais je ne puis vous proposer autre chose. Je tiens à vous mettre à l’épreuve, à savoir si vous êtes capable de mener une vie d’austérité et se privations. Vous aurez donc trente mille francs par mois, ce qui vous assurera le vivre et le couvert. Vous tâcherez de vivre avec cet argent jusqu’à ce que je vous trouve un travail intéressant. Mais si cet arrangement ne vous convenait pas, alors n’en parlons plus !

— Je suis bien forcé d’accepter ! Soupira Jean Marigny. Ma conduite vous prouvera ma bonne foi par la suite.

— Veuillez me donner mon carnet de chèques, dit Michel Labeille au valet de chambre accouru à son coup de sonnette.

Peu après, Marigny se retirait fort déçu, jugeant cette somme tout à fait dérisoire.

« Jaifaitsûrementunesottise,pensaitdesoncôtéMichelLabeille.Tantpis !Jepréfèregarderlespoirdeluiavoirdonnélapossibilitédeseracheter ... »

Lorsque Valérie eut connaissance de ce qui s’était passé elle se montra assez contrariée.

— Comment as-tu pu ajouter foi aux propos de ce voyou, papa, après avoir eu toutes les preuves de sa bassesse ? S’écria-t-elle.

— J’ai seulement essayé d’aider un homme à se racheter, protesta son père.

— Lui se racheter ? Il en est absolument incapable ! Déclara-t-elle en hochant sa jolie tête. Il n’est venu ici que pour te soutirer de l’argent. Je me demande comme il a su que tu m’avais envoyée chercher.

Jenensaisrien,chérie,réponditLabeille,trèsperplexe,carilnesétaitpasposélaquestion.

— Je crois le deviner ; seule Estelle ou Bertil ont pu le renseigner.

— C’est juste, reconnut Labeille, contrarié, en fronçant les sourcils, car eux seuls étaient au courant de mes intentions. Mais ça ne peut être Estelle !

— C’est sûrement Bertil, conclut Valérie, et ceci prouve qu’ils sont d’accord pour entreprendre un mauvais coup contre nous !

— Mais, chérie, Georges Bertil est incapable de ...

Sa fille l’interrompit avec force :

— Ne t’illusionne pas tant, mon pauvre papa ! Georges est une vraie canaille et m’a indignement calomniée.

Et elle lui révéla alors l’histoire de lettre, tandis que le malade l’écoutant, stupéfait d’abord, puis franchement indigné.

— Pourquoi a-t-il agi aussi lâchement ? S’écria-t-il.

— Je n’en sais rien, murmura tristement la jeune femme, bien que je suppose qu’il a dû être payé pour cela par une femme très éprise de Robert Montpellier, et dans l’intention de me perdre à ses yeux. Je n’ai pu éclaircir ce détail à cause de mon départ rapide pour Barcelone mais lorsque tu seras guéri, tu peux être sûr que je m’y emploierai activement !

— Je n’en doute pas, chérie, répondit tendrement le père, et tu devras prouver aussi à la face de tous que tu as toujours été digne du nom sans tache que je t’ai donné ...

— Et aussi que je suis digne de l’amour de celui que j’aime : conclut avec élan Valérie.

— Je suis très désireux de connaître ce garçon.

— Tu découvriras en lui un parfait et loyal gentilhomme, reprit avec force la jeune femme dont les yeux magnifiques étincelaient d’amour.

Après un petit silence méditatif, Labeille reprit :

— Crois-tu que Robert Montpellier voudra t’épouser malgré tout ce qui s’est passé ?

— Il ne l’a déjà demandé, révéla Valérie avec orgueil et émotion. Je n’ai pas voulu accepter avant de lui donner les preuves de mon innocence.

Lemaladesaisitlamaindesonenfantquilpressatendremententrelessiennes.

— Et tu as très bien fait ! S’écria-t-il en la fixant avec adoration. Ah ! Je me reconnais en toi !

— De plus, reprit Valérie, je dois te dire que j’aime très maternellement deux petits enfants adorables et qui ne possèdent plus personne au monde.

Labeille l’enveloppa d’un regard étonné.

— Que veux-tu dire, Valérie ? De qui veux-tu donc parler ?

Un exquis sourire éclaira le pur visage de Valérie, et elle expliqua d’une voix extraordinairement douce :

— Il s’agit de deux petits enfants abandonnés que j’ai connus le jour de ton arrivée à Paris. Ils m’ont sauvés d’un suicide certain par leur tendresse et leur attachement. Ce sont deux moineaux des rues, mais tellement dignes d’admiration ! Le garçon, Pierrot, doit avoir une dizaine d’années. Il possède le cœur le plus généreux de la terre, une intelligence et un bon sens réellement extraordinaires. Il est aussi tellement loyal et franc ! Quant à la fillette, Mireille, c’est une exquise et adorable petite qui souffre cruellement d’avoir été toujours privée de l’affection maternelle. Elle a été martyrisée par une horrible mégère qui l’obligeait à mendier dans les rues par les plus froides nuits d’hiver !

Son père l’écoutait avec le plus grand intérêt. Soudain, il lui demanda :

— Tu me parles, n’est-ce pas ? De la fillette qui est venues me voir avec toi ?

— En effet, papa, c’est bien elle.

Le malade parut s’absorber dans de profondes réflexions puis il murmura :

— Oui, c’était une petite fille très mignonne ! Tu dis qu’elle a été privée de sa mère ?

— Oui.

— Curieux !... J’avais trouvé, t’en souviens-tu ? Qu’elle ressemblait étrangement à ma pauvre femme ... Qui donc prend soin de ces enfants, actuellement ?

— Robert Montpellier, répondit Valérie. Je veux dire qu’il s’occupe seulement du petit garçon, parce que la fillette a laquelle le juge l’a remise.

— Il faudra la lui reprendre, déclara Labeille.

— C’est ce que je souhaite aussi, affirma Valérie, mais je crains que ce soit très difficile. J’ai essayé de donner de l’argent à cette femme, mais elle a refusé.

— Pourtant, il ne s’agit sûrement que d’une question d’argent, uniquement de cela, déclara Michel en haussant les épaules.

— Sans doute, mais je n’ai pu lui offrir beaucoup !

— Tu le pourras à présent, ma chérie, murmura Labeille en caressant tendrement la joue de Valérie, car je suis très riche et tout ce que j’ai t’appartient ...

 

( A SUIVRE 1er MAI )

 

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