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MOINEAUX SANS NID N° 314

21 Octobre 2013, 09:00am

Publié par nosloisirs

CHAPITRE 314

DE NOUVEAU REUNIS

A PARTIR DU 1er NOVEMBRE RENDEZ-VOUS SUR

histoiresautrefoisWordpress.com

Lorsque Pierrot sortit de la maison de madame Colette à Clichy, il se dirigea vers le beau quartier résidentiel où se trouvait l’appartement d’Anna Carrel. Il s’installa sur le trottoir d’en face, dissimulé derrière une grande porte cochère, afin de ne rien perdre des allées et venues des gens pouvant enter et sortir de l’immeuble qui l’intéressait. Il voulait s’assurer que Mireille ne sortait pas en compagnie de ce garçon inconnu.

Il fit le guet plus d’une heure, mais en vain.

Lassez de cette surveillance, il allait se décider à repartir, lorsqu’un cri douloureux lui échappa, tandis qu’il portait la main à la hauteur de son cœur.

A cet instant précis, Francis le neveu de Maître Jouvet, entrait dans l’immeuble de l’ancienne comédienne.

— Mon Dieu ! S’exclama le brave Pierrot, les yeux brusquement aveuglés de grosses larmes.

Son émotion avait été tellement intense qu’il fut forcé de s’appuyer pour ne pas tomber, contre la vitrine de la modiste devant laquelle il stationnait.

La voiture d’Anna Carrel venait de stopper près du porche de sa maison et Pierrot s’éloigna pour se cacher derrière le kiosque à journaux voisin, ne tenant pas à se faire repérer. Il était en proie à une angoisse désespérée.

— Si jamais Mireille sort avec ce garçon, murmura-t-il, je ne remettrai plus jamais les pieds dans cette mais et je ...

Il eut à peine le temps d’achever sa phrase, qu’il vit l’ex-comédienne sortir de l’immeuble, suivie par Mireille et Francis. Tous trois montèrent en voiture.

Avant qu’il eut réalisé ce qui se passait la voiture démarra pour disparaître bientôt au coin de la large avenue.

Alors sa douleur fut trop forte et le pauvre enfant fondit en larmes.

« Ils ne l’ont enlevée ! Sanglota-t-il éperdument. Maintenant, je suis vraiment seul au monde ! »

Une vieille dame s’arrêta près de lui, apitoyée et lui demanda avec bonté :

— Que t’est-il arrivé, mon petit ?

— Rien !: Rien ! Madame, s’empressa de répondre Pierrot, honteux et embarrassé.

— Comment ? Mais tu sanglotes, protesta la brave femme, en le fixant avec étonnement.

— Pas du tout, Madame ! Protesta Pierrot.

— je n’ai pas la berlue, mon garçon, reprit-elle avec douceur, d’ailleurs tu as encore les yeux remplis de larmes !

— Je vous assure, madame, que vous vous trompez, affirma-t-il avec effort. J’ai reçu un moucheron dans l’œil et c’est pourquoi vous avez cru que je pleurais. Je ne suis plus un enfant, je ne pleure jamais !

Mais en prononçant ces derniers mots, il éclata de nouveau en sanglots. La brave dame était désolée.

— Mon pauvre petit ! Soupira-t-elle en hochant la tête.

Ne l’écoutant pas une seconde de plus, Pierrot partit en courant dans l’avenue, le cœur lourd de sa grande peine.

« Mireille ne m’aime plus ! » Répéta-t-il bouleversé.

Il erra longuement dans les rues de paris, sans but, ne sachant où il allait. Soudain, stupéfait ; l’église de la Madeleine était devant lui. Il décida de rentrer vivement à Clichy.

Comme c’était un dimanche et qu’il faisait beau, la foule se pressait dans les rues et les boulevards.

Une heure plus tard, Pierrot arriva chez la blanchisseuse.

— Bonjour, mon petit, dit madame Colette en le dévisageant à la fois avec soulagement et inquiétude.

— Bonjour, Madame, bredouilla le jeune garçon.

— Où es-tu donc allé de si bonne heure ce matin ? Questionna-t-elle avec curiosité.

— Je ... je n’en sais rien ! Répondit-il en évitant de croiser son regard.

— Tu es sorti si tôt ! Pourtant ce matin, tu n’avais pas à vendre tes fruits et tes légumes ? Reprit madame Colette.

— En effet, madame, nous sommes dimanche, répondit lentement Pierrot.

— Justement ! Alors, pourquoi es-tu parti dès l’aurore, alors que d’habitude tu aimes dormir et paresser un peu dans ton lit ? Insista-t-elle.

— Je ne sais pas !

— Hier soir, tu ne te sentais pas bien ? Continua-t-elle.

Pierrot garda le silence.

— Ah ! J’allais oublier ! S’exclama Colette, en se frappant le front de sa main, il y a à peu près deux heures on est venu te chercher.

— Qui donc ? S’écria vivement Pierrot.

— Madame Anna Carrel et Mireille, répondit-elle en souriant tendrement.

— Etaient-elles seules ? S’enquit-il avec angoisse.

— Non, elles étaient accompagnées par un garçon distingué et très chic !

— Vraiment ?

— Je te l’assure. D’ailleurs, j’ai à te donner mon opinion à ce sujet.

L’enfant leva sur elle des yeux inquiets.

— Ne crois pas que je plaisante, reprit madame Colette, j’ai eu l’impression que ce garçon est destiné à devenir le fiancé de Mireille.

Le visage de Pierrot devint livide, mais il continua à garder le silence.

— Tu ne partages pas mon avis ? Questionna-t-elle.

Pierrot ne répondit pas.

— Vous m’avez bien dit, n’est-ce pas, qu’ils étaient venus me chercher ? Reprit-il peu après.

— Oui, bien que je n’aie pas eu l’impression que ton absence les ait beaucoup frappés !

Le pauvre Pierrot baissa la tête.

— Ils ne vous ont pas dit où ils allaient ? Demanda-t-il hésitant.

— Ils allaient à ... à ... je ne peux décidément pas me rappeler le nom de la ville qu’ils m’ont indiquée.

— N’était-ce pas Bonnières, par hasard ?

— C’est cela ! C’est bien Bonnières ! S’exclama vivement la blanchisseuse.

— Et ils désiraient m’emmener avec eux ? Murmura Pierrot comme s’il se parlait à lui-même.

— Oui ... bien que, comme je te l’ai déjà dit, ils n’avaient pas l’air bien affectés de ne pas t’avoir trouvé ! Précisa la brave femme, loin de se douter de la peine qu’elle faisait à Pierrot.

— Alors, je suis content de n’avoir pas été là lorsqu’ils sont venus déclara sourdement le jeune garçon.

— C’est vrai ?

— Je vous l’affirme !

A cet instant, une jeune fille petite et assez forte frappa à la porte.

— Prenez-moi un billet de la Loterie Nationale ! Dit-elle à la blanchisseuse, lorsqu’elle lui eut ouvert.

— Laisse-moi en paix avec tes billets, ma petite ! Répliqua madame Colette, qui la connaissait depuis longtemps. Je ne suis jamais remboursée !

— Et si vous alliez gagner le gros lot ? S’écria la visiteuse.

— Je t’ai dit que je n’en veux plus !

— En somme, vous refusez la fortune ! Continua la jeune fille qui ne se laissait pas impressionner par ce refus. Allons madame Colette, prenez-moi un billet, vous verrez, vous aurez de la chance cette fois, j’en suis absolument certaine !

— tu me racontes les mêmes boniments tous les dimanches ! Soupira la gentille femme.

— Aujourd’hui c’est différent ! Insista plus fort la vendeuse de billets.

— Bon ! Donne-moi alors le premier de ton carnet, et finissons-en ! S’exclama madame Colette.

La jeune fille s’empressa de la satisfaire et lui remit un billet, tandis que la blanchisseuse lui tendait l’argent.

— Au revoir, petit intrigante ! S’exclama Colette en riant.

— Moi, intrigante ? Mais je vends uniquement mes billets, et si vous avez de la chance, alors tant mieux pour vous !

— Je ne te répète que ce qu’on m’a dit ! Poursuivit Colette en la taquinant.

— Que celui ou celle qui vous a raconté cette sottise, vienne me le dire en face ! Je saurai lui rabattre son caquet ! Répliqua avec défi la jeune vendeuse.

— Ne te fâche tout de même pas !

— Et moi aussi, j’ai quelque chose à vous dire, madame Colette, dit-elle d’un air mystérieux, car j’ai beaucoup entendu parler de vous ces derniers temps !

— Tiens ! S’exclama la brave femme étonnée, et par qui ?

— Par « la Sourde » la bohémienne, répondit l’autre.

— Tu veux parler de cette méchante sorcière ? S’écria la blanchisseuse avec mépris.

— Précisément, et elle paraissait vous en vouloir particulièrement.

— M’en vouloir ? S’étonna Colette. Que lui ai-je donc fait ?

— Rien à elle personnellement, mais elle affirme que vous avez abrité sous votre toit la femme par la faute de qui José à été assassiné !

— que le diable emporte tous ces Gitans ! S’écria Colette, énervée.

— En tout cas, madame Colette, je vous conseille de vous méfier de « la Sourde » on m’a répété qu’elle cachait toujours un grand couteau dans les polis de ses jupons.

La jeune vendeuse partit après avoir prononcé ces inquiétantes paroles et on l’entendit proposer ses billets à grands éclats de voix.

— Les gagnants ! Qui veut acheter la fortune ?

Il y avait à peine dix minutes qu’elle était partie, qu’un homme grand et mince d’une quarantaine d’années, vint, à son tour, frapper à la porte de madame Colette.

— Bonjour, chère belle-sœur, dit-il en souriant. Comment vas-tu ?

— Pas aussi bien que toi ! Lui répondit Colette, mais enfin il faut bien continuer son petit train-train !

— J’ai l’impression que tu te débrouilles ! tu as bien de la chance d’être indépendante ! Soupira-t-il en hochant tristement la tête.

Madame Colette le dévisagea, perplexe.

— Mais ... qu’est-ce que tu as, Maurice ? Lui demanda-t-elle légèrement hésitante.

— Rien ! Rien ! Murmura-t-il.

— J’ai l’impression du contraire, insista la blanchisseuse que la curiosité dévorait. Tu dois avoir des tracas !

— C’est à cause de ta sœur ! Expliqua-t-il à voix basse, elle ne cesse de me tourmenter !

— Pas possible ! S’exclama Colette, rassurée. Elle te tourmente, toi, que rien n’émeut,, même pas la fin du monde !

— Tu peux toujours plaisanter ! Poursuivit sombrement Maurice, mais ta sœur a décidé de me rendre fou !

Colette taquina le mari de sa sœur.

— Oh ! Oh ! Tu y vas un peu fort !

— Je te jure que je n’exagère rien ! Affirma-t-il avec conviction.

La blanchisseuse ne put retenir un éclat de rire devant la mine catastrophée de son visiteur.

— Assieds-toi là et raconte ! Continua-t-elle en lui désignant une chaise.

Maurice obéit et s’installa près de Pierrot.

— Est-ce que tu travailles, Maurice ? Demanda madame Colette, en voyant qu’il ne se décidait pas à parler.

— Que le diable emporte le travail et tous ceux qui cherchent à me faire travailler ! S’écria-t-il furieux.

— Tu n’as donc pas réussi à trouver un emploi ? Demanda-t-elle sans s’émouvoir.

— Je n’ai rien trouvé de convenable ! Soupira son beau-frère en allumant une cigarette.

— Tu n’aurais jamais dû quitter l’usine !

— Comment ? S’indigna-t-il.

— Eh ! Là, ne te fâche donc pas ainsi ! S’écria la blanchisseuse.

— Ecoute, ma petite Colette, poursuivit-il très énergiquement, je vais te donner mon avis une bonne fois pour toutes : on devrait noyer toutes les femmes !

— Et moi, je vais aussi te donner le mien : on devrait pendre tous les hommes ! Répliqua madame Colette, en éclatant de rire.

— Je ne veux pas te répondre parce que tu es ma belle-sœur, dit-il vexé.

— Et moi non plus, car on ne sait jamais quelles sont les réactions d’un sac à vin de ton espèce !

— Ne sois pas si méchante avec moi, ma petite Colette !

— Tiens ! Comme tu es gentil tout à coup !

— Je vais à présent, te dire pourquoi j’ai quitté l’usine, reprit Maurice en soupirant, et tu vas voir que j’ai eu raison ; figure-toi que le chef d’atelier m’envoyait toujours chercher à boire et à manger, comme si j’étais son domestique !

— Et toi, certainement tu n’en finissais pas de traîner dans tous les cafés du voisinage ! Souligna ironiquement sa belle-sœur.

— C’est que ...

— J’ai donc deviné !

— Et puis, après tout, il n’avait pas à me charger de faire ses courses ! Ca ne faisait pas partie de mes attributions !

— Je vois ! Murmura Colette.

— Je sais ce que je dis ! Je ne suis pas un gamin, que diable ! Reprit Maurice énervé.

— Très bien ! Et qui, à présent, va donner du pain à tes enfants ? Reprit le blanchisseuse.

— Ne t’inquiète pas pour mes enfants ! Déclara son interlocuteur avec suffisance, ils sont loin de mourir de faim !

— Cela grâce à leur mère ! Conclut Colette, avec un accent de reproche.

Maurice leva la tête et s’écria :

— A propos Colette,, as-tu déjà vu le bébé ?

— Oui.

— As-tu remarqué sa façon de pleurer ?

— Non, répondit-elle étonnée. Il a donc une façon particulière de pleurer ? J’ai l’impression que toues les gosses pleurent de la même manière !

— Un jour, je te l’amènerai et tu pourras en juger par toi-même. On dirait qu’il chante quand il pleure, expliqua son beau-frère.

— Mon Dieu ! Ce que tu peux exagérer ! S’exclama madame Colette.

— Je t’affirme que c’est la stricte vérité, et tu pourras le constater dès que ce soir ! S’entêta l’autre.

— Bon ! Bon ! Trancha-t-elle sans attacher d’importance à ce qu’il racontait.

— Tu sais son nom ?

— Paul, je crois !

— Oui.

— C’est un joli nom, dit Colette.

— Et le bébé est très beau ! Ajouta Maurice en souriant avec orgueil. Un vrai ange !

— Ah !

— Et il est aussi bien sympathique, renchérit son beau-frère.

— Tu ne sais rien de ce qui concerne ce petit ? Questionna avec curiosité madame Colette.

— Non, murmura Maurice.

— Pourtant, on m’a laissé entendre qu’il était le fils d’un marquis, insista-t-elle.

Son beau-frère se gratta la tête, perplexe.

— Ecoute, Colette, reprit-il je ne tiens pas à ce que son secret soit connu par tout le monde, mais tu n’as pas tort ; en effet, ce bébé est le fils d’un homme titré.

— Tu peux parler, Maurice, dit-elle avec impatience, je te promet s’être aussi muette qu’une carpe !

— Bon ! Je vais alors tout te raconter, répondit-il en souriant, l’air indulgent.

— Vous avez de la chance d’élever le fils d’un marquis ! Ajouta Colette car cela doit vous rapporter beaucoup d’argent !

— Ah ! Pourtant je suis très malheureux à cause de ce nouveau venu ! Soupira Maurice.

— Qu’est-ce que tu vas encore inventer ? Gronda madame Colette.

— Si tu savais de quelle manière je suis traité par ta sœur, geignit le visiteur.

— Elle te fait toujours des scènes de jalousie ?

— Il ne s’agit pas de cela ! Mais elle ne cesse de me répéter que c’est elle qui gagne l’argent du ménage et que moi, je ne travaille pas, expliqua Maurice.

— Elle a parfaitement raison et je suis de son avis !

— Ecoute, Colette, reprit-il avec embarras, je dois t’avouer que tu as devant toi un homme complètement à jeun !

— Qu’est-ce que tu dis ? S’exclama la blanchisseuse, incrédule.

— La vérité ; je n’ai absolument rien mangé depuis hier.

— Par exemple ! Veux-tu une tasse de bouillon et deux œufs à la coque ?

— Cela ne te dérange pas trop ? Murmura-t-il un peu gêné.

— Mais non, voyons, affirma-t-elle en souriant. Je n’ai, évidemment pas d’argent à jeter par la fenêtre, mais je peux toujours donner un quignon de pain à un malheureux de ton espèce !

— Tu es une brave fille, Colette ! Dit-il ému.

— Tu vas attendre un instant et je vais te préparer de quoi apaiser ta faim, répondit-elle.

Quelques minutes après, la gentille femme disposa devant son beau-frère un grand bol de bouillon fumant, un morceau de pain, du beurre, deux œufs à la coque et une bouteille de vin rouge.

— Merci, Colette ! S’écria Maurice, l’air ravi.

— Il n’y a pas de quoi, mon ami ! Répondit-elle.

Maurice se mit aussitôt à manger avec appétit, tandis que Pierrot continuait la lecture du journal qu’il avait pris quelques instants plus tôt, agacé par l’insipide bavardage du beau frère de la blanchisseuse.

Deux minutes s’étaient à peine écoulées, qu’une voix rauque et criarde se fit entendre de l’autre côté de la porte.

— Madame Colette !

La blanchisseuse ouvrit, et recula en reconnaissant une vieille et grosse bohémienne boitant de la jambe gauche, au visage ridé et aussi noir qu’un pruneau.

— « La Sourde » ! S’exclama-t-elle saisie.

La femme entra résolument et alla s’asseoir sur la chaise la plus proche, agissant comme si elle était chez elle. Puis, fixant d’un œil vif madame Colette, elle grogna :

— Bonjour !

— Bonjour « la Sourde » répondit la blanchisseuse. Comment se fait-il que tu viennes me voir ?

— J’ai à te parler, déclara la vieille femme en la dévisageant avec un regard presque menaçant.

Un pénible silence s’établit dans la pièce, tandis qu’une vive inquiétude s’emparait de madame Colette.

Elle venait de se souvenir brusquement des propos qui lui avaient été rapportés, avant la visite de son beau-frère, par la jeune vendeuse de billets de la Loterie Nationale, concernant cette vieille tzigane, méchante et vindicative.

Elle frissonna en songeant à ce qui pourrait arriver si « la Sourde » avait eu la confirmation de ses soupçons, puis elle songea qu’après tout, même en permettant à « l’Araigne » de se réfugier chez elle, elle n’avait commis aucune faute ! Elle réussit à se calmer, décidée à tenir tête à l’indésirable visiteuse.

Quant à Maurice, il regardait de temps en temps les deux femmes, intrigué, ignorant totalement la raison qui avait conduit la bohémienne chez sa belle-sœur.

De son côté, Pierrot se taisait toujours, le nez plongé dans son journal, mais prêtant une oreille attentive à l’entretien des deux femmes devinant qu’un danger menaçait sa protectrice. Il se tenait prêt à la défendre en cas de besoin.

Finalement, la vieille bohémienne rompit le silence en assénant un violent coup de bâton sur le parquet, ce qui fit sursauter les trois personnes et ricaner la grosse femme.

Pierrot leva les yeux, tandis que le beau-frère de madame Colette continuait son repas, sans trop se soucier de l’incident qui avait lieu en sa présence.

« La Sourde » fixait toujours Colette, sans se décider à parler, si bien que cette dernière finit par s’exclamer très énervée :

— Vas-tu me dire ce que tu veux ?

La visiteuse esquissa un geste vague d’une main, hocha la tête à plusieurs reprises, puis bougonna d’une voix curieuse :

— Rien ! Rien, seulement que tu es une méchante femme !

La blanchisseuse rougit de colère, puis se laissant emporter par son tempérament violent, elle répliqua d’une voix méprisante :

— Et toi, tu es une sorcière, « la Sourde » !

— Ne m’insulte pas ou sinon gare à toi ! Dit-elle en lui jetant un regard lourd de menaces, et en agitant le bâton qu’elle serrait dans sa main droite.

— Ecoute, « la Sourde » poursuivit madame Colette un peu plus calme, parlons franchement une bonne fois ! Que t’es-tu donc mis dans la tête ?

— Rien du tout ! Répondit sèchement la vieille bohémienne. Tu as uniquement très mal agi envers moi !

— Moi ? S’exclama Colette ahurie.

— Oui, toi ! Insista la tzigane avec des yeux étincelants de haine car tu as abrité chez toi la vieille femme qui est responsable du meurtre de mon pauvre José !

— Que Dieu ait pitié de son âme ! Murmura Colette.

— Tu diras cela à sa malheureuse femme, marmonna sourdement la bohémienne.

— Tu veux parler de Trinidad ? Demanda Colette.

— Oui, car elle est veuve par ta faute ! ajouta « la Sourde ».

Colette éclata de rire à cette réponse et répliqua :

— Ne dis pas de pareilles sottises « la Sourde » ! D’autant plus que celui qui a tué José a rendu un fier service à cette pauvre Trinidad car il l’a libérée d’un véritable tyran !

— Tu es une femme méchante et perfide ! Cria avec colère la bohémienne.

— Je ne suis pas une voleuse comme toi qui vend des dentelles et des mouchoirs six fois le prix qu’ils valent ! Réfuta la blanchisseuse.

— Sacrebleu ! Jura « la Sourde » avec rage.

— Maintenant ça suffit comme ça ! conclut froidement madame Colette, nous n’avons plus rien à nous dire !

— En tous cas, tu as abrité cette femme dans ta maison ! Insista la bohémienne.

— Je t’ai dit que je ne voulais pas discuter davantage avec toi ! Trancha la blanchisseuse avec colère.

— Très bien, je m’en vais ! Soupira la tzigane en se levant lentement de son siège.

Maurice qui avait écouté cette discussion sans mot dire, se leva à son tour, et intervint brusquement :

— Madame ! dit-il en s’adressant soudain à « la Sourde » avez-vous un homme pouvant répondre de vous ?

— Un homme ? Répéta la vieille en le dévisageant, l’air furieux et méfiant.

— Oui, je dis bien un homme ! Insista le beau-frère de Colette.

— Tu veux donc te battre avec lui ? Ironisa la gitane.

— Moi ? Je n’ai jamais pensé faire une chose pareille ! Bredouilla Maurice effrayé.

— Ah ? Parce que si tu le désires, je peux aller tout de suite chercher « le Chacal » ! Il sera ravi de se mesurer avec toi, ricana avec méchanceté la vieille tzigane.

— Mais pas du tout ! Je ne voulais pas ... Marmonna, épouvanté le beau-frère de madame Colette.

— Alors, pourquoi m’as-tu demandé si un homme pouvait répondre de moi ? Reprit-elle goguenarde.

— Mais pour discuter de votre histoire, expliqua Maurice d’une voix mal assurée.

Les hommes de ma race ne perdent pas leur temps en discussions oiseuses ! Répliqua fièrement « la Sourde » qui s’éloignait en boitant.

Puis, après avoir jeté un regard plein de mépris autour d’elle, elle quitta la pièce en claquant violemment la porte.

Après son départ, la blanchisseuse s’approcha de Maurice.

— Tu aurais bien mieux fait de ne pas intervenir ! S’exclama-t-elle furieuse.

— Mais c’était mon devoir !

— Je te conseille de ne pas chercher querelle à ces gitans ! Reprit Colette.

— Ecoute, ma petite, tu oublies que je suis ton beau-frère et que je ne crains personne ! Fanfaronna Maurice.

— Tu as des enfants, et je ne voudrais pas qu’il t’arrivât du mal à cause de moi !

— Tu me donnes le seul argument qui puisse me forcer à t’obéir ! Conclut Maurice.

Il alluma une cigarette, puis jugeant qu’il valait mieux se retirer, il embrassa sa belle-sœur et la remercie du repas qu’elle lui avait si gentiment offert. Il serra ensuite la main de Pierrot et quitta la maison.

Dans la rue, il regarda avec méfiance à droite et à gauche, craignant sans doute d’être attaqué à coups de bâtons par un bohémien, et se hâta de regagner son logement.

Après son départ, Colette s’installa à table avec Pierrot. Ils déjeunèrent également d’un consommé chaud, d’œufs à la coque et d’une tarte aux pommes, la spécialité de la blanchisseuse.

Cette dernière s’assit ensuite près de la fenêtre pour tricoter, en grand mystère, un pull qu’elle destinait à son cher Pierrot. Ce dernier sortit pour faire une promenade.

Il fit tout d’abord quelques pas sur le boulevard ensoleillé, mais ne put résister à la tentation d’aller dans le quartier de paris si cher à son cœur.

Il prit le métro jusqu’à la Porte de Pantin.

Il se promena sur l’avenue, regarda passer les rares voitures qui, à cette époque, roulaient dans Paris, puis se dirigea presque inconsciemment vers le petit jardin public, presque désert en ce début d’après-midi, et se laissa tomber sur un banc de pierre.

Le pauvre enfant regarda devant lui, perdu dans ses pensées et ses souvenirs.

« Mon Dieu ! se dit-il soudain, les yeux remplis de larmes, que de fois le dimanche je suis venu m’asseoir sur ce banc avec Mireille ! »

C’était vrai !

« Jamais, reprit-il douloureusement, je n’ai oublié ce qu’elle me disait alors. Il me semble encore l’entendre parler ! »

Il regarda à quelques pas de lui, sautiller un moineau cherchant ça et là sa nourriture.

« Il me ressemble ! Se dit amèrement l’enfant, il est seul comme moi ! »

Le cœur lourd de peine, Pierrot prit sa tête entre ses mains et fondit en larmes.

Il demeura ainsi longtemps, longtemps ...

Maintenant, le soleil commençait à se cacher derrière le rideau formé par les arbres du jardin. Les oiseaux avaient cessé de voleter autour de lui et les promeneurs avaient déserté les bancs et les allées.

Bientôt, ce fut le crépuscule.

L’air frais du soir, fit frissonner Pierrot, mais il ne se décidait toujours pas à rentrer, comme si une force mystérieuse lui paralysait bras et jambes.

Les premières ombres de la nuit commençaient à descendre sur la terre et bientôt le croissant de la lune brilla doucement dans le ciel pur.

Tout autour de lui était silencieux et calme.

L’enfant ne bougeait toujours pas. Soudain, il tressaillit au contact léger d’une main qui touchait son épaule.

— Pierrot ! Pierrot ! Murmura une douce voix qui lui parut être un songe.

Il leva la tête et ne put retenir un cri de joyeuse stupeur : Mireille était près de lui.

— Mireille ! Balbutia-t-il d’une voix que l’émotion étranglait.

— Pierrot, répéta la fillette aussi bouleversée que lui.

— Toi ici ? Je ne rêve pas ?

— C’est bien moi, mon Pierrot ! Croyais-tu donc que je t’avais oublié ?

— Mireille !... Ma petite Mireille ! Répéta Pierrot, ne sachant plus s’il devait rire ou pleurer.

— Enfin ! Toi, Pierrot, reprit tout bas la fillette. Je me suis sauvée de là-bas ! Je ne pouvais plus vivre loin de toi !

Une joie ineffable gonfla soudain le cœur du jeune garçon.

Il la fixa, extasié, incapable de prononcer un seul mot.

Une fois de plus, ils n’étaient que deux pauvres petits moineaux sans nid, mais ils étaient de nouveau réunis !

A n’en pas douter, une force plus grande que leur désir d’obéir à ceux qui, si souvent les avaient aidés, poussait ces deux enfants l’un vers l’autre …

{ A SUIVRE LE 24 OCTOBRE }

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Bonjour je me prénomme nadia mère de 3 enfants. Je vivais à briouze avec mon mari, quand en 2018 il décida d'aller en voyage d'affaire à Bresil , où il tomba sur le charme d'une jeune vénézuélienne et ne semblait même plus rentrer. Ces appels devenaient rares et il décrochait quelquefois seulement et après du tout plus quand je l'appelais. En février 2019, il décrocha une fois et m'interdit même de le déranger. Toutes les tentatives pour l'amener à la raison sont soldée par l'insuccès. Nos deux parents les proches amis ont essayés en vain. Par un calme après midi du 17 février 2019, alors que je parcourais les annonce d'un site d'ésotérisme, je tombais sur l'annonce d'un grand marabout du nom ZOKLI que j'essayai toute désespérée et avec peu de foi car j'avais eu a contacter 3 marabouts ici en France sans résultât. Le grand maître ZOKLI promettait un retour au ménage en au plus 7 jours . Au premier il me demande d’espérer un appel avant 72 heures de mon homme, ce qui se réalisait 48 heures après. Je l'informais du résultat et il poursuivait ses rituels.Grande fut ma surprise quand mon mari m’appela de nouveau 4 jours après pour m'annoncer son retour dans 03 jours. Je ne croyais vraiment pas, mais étonnée j'étais de le voire à l'aéroport à l'heure et au jour dits. Depuis son arrivée tout était revenu dans l'ordre. c'est après l'arrivé de mon homme que je décidai de le récompenser pour le service rendu car a vrai dire j'ai pas du tout confiance en ces retour mais cet homme m'a montré le contraire.il intervient dans les domaines suivants Retour de l'être aimé Retour d'affection en 7jours réussir vos affaires , agrandir votre entreprises et trouver de bon marché et partenaires Devenir star Gagner aux jeux de hasard Avoir la promotion au travail Envoûtements Affaire, crise conjugale Dés-envoûtement Protection contre les esprits maléfices Protection contre les mauvais sorts Chance au boulot évolution de poste au boulot Chance en amour La puissance sexuelle. agrandir son pénis Abandon de la cigarette et de l'alcool voici son adresse mail : maitrezokli@hotmail.com vous pouvez l'appeler directement ou l 'Ecrire sur whatsapp au 00229 61 79 46 97
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