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Votre opinion et la votre 4/4

24 Avril 2011, 09:00am

Publié par nosloisirs

On a défini la musique ; le plus cher des bruits. Le budget de l'Académie nationale de musique justifie assez bien cette définition.

Le privilège du directeur actuel de l'opéra prendra fin avec l'année 1907, il aura duré vingt ans ; et l'exploitation grâce à l'énorme subvention annuelle, se solde par un bénéfice net de 97.50 F soit 4.87 F par an.

Mais les artistes ont réalisé de plus gros profits. Mlle Bréval reçoit 90 000 francs, Mlle Grandjean 60 000 francs, Mme Hégion 43 000 francs, M. Alvarez 96 000 francs, M. Alfre et M. Delmas chacun 84 000 francs ; les premières danseuses 32 000 et 30 000 francs. On assure même que dans certain cas, ces traitements officiels sont augmentés, doublés, par des cachets officieux>. Un ténor toucherait jusqu'à 216 000 francs par an pour chanter huit ou dix fois.

Quelque travail préalable qu'impose l'interprétation d'une œuvre lyrique, ces salaires sont extravagants. Les représentants de la démocratie feront difficilement comprendre à leurs malheureux électeurs pourquoi la République paie eux cent mille francs un ténor qui chante huit fois et donne 73.15 F par mois à tel instituteur. Il y a des rapprochements qui sont éloquents par eux-mêmes.

Interrogés par les journalistes au sujet de ses finances personnelles, une comédienne qui gagne « seulement » 40 000 francs dans un théâtre subventionné déclare que cette faible somme n'est pour elle qu'un appoint ; car elle dépense 250 000 francs pour sa toilette. Tout Paris a pleuré dernièrement une autre actrice officielle, qui recevait dans les deux à trois cent francs par moi et qui, à vingt cinq ans, avait déjà deux millions d'économies.

Ces phénomènes de multiplications des écus se produisent exclusivement dans le monde politique et dans le monde théâtral. Ils doivent servir d'arguments pour une diminution considérable des salaires chez ces deux catégories de travailleurs budgétivores.

Et l'on se demande pourquoi de pauvre diable de maîtres-chanteurs se font mettre en prison, pour avoir essayé de faire chanter autrui, quand il est si facile de gagner des millions en chantant soi-même.

 

REVUE NOS LOISIRS DU 1er DÉCEMBRE 1907

 

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