Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

ON TUE AVEC DES EPINGLES DE CHAPEAUX

22 Février 2013, 09:00am

Publié par nosloisirs

 

chapeaux-01--.jpeg

 

L'épingle de chapeau, la banale épingle de chapeau est une arme redoutable dont les femmes se servent parfois pour attaquer ou se défendre. Mais savez-vous que les accidents involontaires cause par cet humble accessoire de toilette étaient si fréquent qu'on déposa un jour un projet de loi qui limitait leur longueur ? Vous n'imaginez pas, n'est-ce pas que la banale épingle de chapeau eût un passé aussi héroïque ?

 

Depuis le long lointain de l'épingle à chapeau fut inventée, on n'imagine pas le nombre de ses victimes.

Dans la rue, les omnibus, le métro on est sans cesse exposé à être pour le moins éborgné par la pointe menaçante d'une épingle, dépassant de plusieurs centimètres le chapeau d'une voisine.

Voici deux mois un jeune homme de 30 ans, M. Jean Tavernier à la suite d'un cahot violent de l'omnibus où se trouvait, se sentit fortement piqué derrière l'oreille par une de ces terribles épingle. Sa voisine s'excusa gentiment et il n'y pensa plus.

Le lendemain matin, son domestique le trouva évanoui dans son lit. On s'empressa autour de lui. Il reprit connaissance et put raconter au médecin son aventure de la veille.

Bientôt cependant il tomba dans le coma et mourut.

L'autopsie révéla la présence dans le cerveau d'une fine pointe d'acier qui avait percé le crâne et s'était brisée dans la blessure.

Il y a quelques années, le nombre des accidents de ce genre, survenus en Amérique, avait pris une telle importance qu'un projet de loi fut déposé à la Chambre, afin de limiter à quinze centimètres la longueur maxima des épingles de chapeau. Une forte amende devait punir toute infraction à ce règlement.

Cette loi souleva une protestation formidable soutenues par l'avocate féministe Lilie Dexereuse.

Elle ne fut pas votée.

Bientôt après, l'épingle à chapeau reçu à New-York, sanction légale. Un juge déclara que c'était une arme permise à la femme, en cas de légitime défense.

Un certain Joseph Posen fit arrêter Miss Tracy qu'il accusait d'avoir voulu le poignarder avec son épingle à chapeau. Il fut prouvé que l'accusé n'avait eu recours à ce moyen extrême qu'après avoir été frappée brutalement en plein visage par le plaignant furieux de voir ses avances repoussées. Miss Tracy fut acquittée.

Mais cet acquittement provoqua une véritable épidémie.

Les femmes prétend un chroniqueur américain, se mirent à larder de coups d'épingle les malotrus qui leur manquaient de respect, les pickpockets, leur mari, leurs amies sous les prétextes les plus futiles.

A Paris les femmes utilisent volontiers cette arme dangereuse et banale. Chacun se souvient de l'affaire de la Porte Saint Martin.

Deux femmes se battent dans la rue. Après quelques égratignures et quelques crêpages de chignon, l'une d'elle tire soudain une épingle de son chapeau et en frappe son adversaire, qui tombe raide morte. Elle avait eu le cœur transpercé.

Au théâtre Antoine, pendant l'une des dernières représentations de Sherlock Homes un monsieur placé aux fauteuils d'orchestre se lève tout à coup en poussant un cri de douleur. Il voulut qu'on arrêtât une dame assise derrière lui, affirmant qu'elle avait tenté de le poignarder. La femme protesta vivement de son innocence, mais le blessé fut tellement affirmatif qu'on finit par les emmener tous deux au poste.

 

chapeaux 02


Le plaignant avait en effet à l'épaule une blessure profonde d'où le sang s'échappait abondamment.

L'accusé se rappela alors qu'elle s'était servie de son épingle pour fixer son chapeau au dossier du fauteuil qui se trouvait devant elle. L'épingle avait traversé le dossier de part en part.

La saison dernière, une petite fille, à Cabourg irritée contre les gamins qui lui jettent du sable au visage, tire l'épingle qui retient son béret et en frappe le petit Jacques Payen. L'épingle se brise dans la jambe de l'enfant. On est obligé de faire l'extraction de la pointe restée dans la blessure.

En réalité,,l'épingle à chapeau vaut le meilleur stylet. Il y a deux manières de s'en servir, soit en la dissimulant dans la main, la tête contre la paume, la pointe passant à travers les doigts, soit en la tenant, le point serré, la tête solidement assujettie au pouce comme un poignard. Le plus audacieux voleur le plus sinistre apache, ne résistent point à cette arme ; cette pointe perfide, ils fuiront éperdus.

Une élégance Américaine avait toujours coutume quand elle avait déposé dans son sac à main quelques bijoux précieux ou quelque forte somme, de glisser dans la main qui tenait le sac une de ses épingles à chapeau.

Un soir qu'elle descendait de voiture devant son hôtel, un rôdeur bondit sur le sac et... s'enferra, hurlant de douleur... Il n'eut pas le courage de s'enfuir... et on le mena au pose pendant que, souriant de son stratagème, la jeune femme rentrait chez elle avec ses bijoux si habilement préservés.

Ce sont là des cas isolés. Mais l'épingle à chapeau eu des jours héroïques. Lors d'une grève des messagers et porteurs de dépêches de Chicago les « messagères » (car il y a là-bas des messagères) continuèrent à travailler et furent malmenés par les grévistes.

Elles s'organisèrent alors en bande armée. Au nombre de soixante munie chacune d'une solide épingle à chapeau, elles se rendirent à leur travail à l'heure habituelle. Les grévistes les assaillirent et leur lancèrent de la boue et des pierres.

Tirez épingle ! commanda Miss Ethel Roggers, capitaine des jeunes « ménagères »

Chargez ! Continua-t-elle.

Tout le bataillon s'élança et bientôt les soixante épingles trouèrent les joues, les épaules, les bras, des ennemis décontenancés qui s'enfuirent. Les jeunes filles purent désormais se rendre à leur travail sans être inquiétées.

 

REVUE NOS LOISIRS DU 9 AOUT 1908

 

Commenter cet article