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MOINEAUX SANS NID N° 142 suite

22 Mai 2012, 09:15am

Publié par nosloisirs

 

CHAPITRE 142La colère et le mépris se lisaient clairement sur le visage du marquis, il se domina pourtant.

— Ainsi, c’est toi la « personne » qui ... bredouilla-t-il avec effort.

Alice partit d’un éclat de rire retentissant.

— Oui, qui t’a consenti ce prêt, acheva-t-elle. Mais oui, c’est moi ! Qu’y a-t-il donc de tellement extraordinaire à cela ?

— Un prêt ? S’écria-t-il d’une voix tonnante, en exigeant un intérêt scandaleux ? Tu essayes tout simplement de me ruiner ! Et, en tout cas, tu m’as bien roulé !

Elle leva la main dans un geste de protestation.

— N’exagère pas ! Conseilla-t-elle. Après tout, tu m’as remboursée en me donnant une somme très inférieure à ce qui avait été convenu tout d’abord. Et tu dois admettre également que c’est encore moi qui t’ai donné l’argent te permettant de récupérer la reconnaissance.

Ces paroles achevèrent de démonter Anselme. Il passa lentement une main sur son front, puis dévisagera sa sœur comme s’il la voyait pour la première fois.

— Que signifient ces manigances ? S’écria-t-il soupçonneux ! Et que me faut-il penser ? As-tu cherché à me tendre un piège ?

— Ne dis pas de sottises, Anselme ! Soupira la jeune fille en hochant la tête. Je n’ai jamais voulu te tendre de piège. J’ai fait une affaire, c’est tout !

— Mais dans ce cas, pourquoi ne pas m’avoir toi-même remis cet argent sans me forcer à avoir recours à ce bandit de Macaire ? Insista le marquis, qui ne revenait pas encore de sa stupeur.

— Allons, sois donc un peu plus réaliste ! S’exclama Alice. Il n’y avait aucune raison pour que je te mette au courant de mes affaires personnelles. Et lorsque Macaire est venu me dire que tu avais un besoin urgent d’argent, j’ai cherché immédiatement à t’aider sans te dévoiler mon identité.

— Et en exigeant un taux d’intérêt plus qu’usuraire ! Protesta amèrement Anselme. Je crois comprendre ; tu l’as fait pour me tenir sous ta coupe.

— Et pour quelles raisons ? Non, vois-tu, Anselme, je n’ai pensé qu’à l’affaire. Ce n’est pas de ma faute si tu t’attires des ennuis en t’acharnant à spéculer, alors que tu n’y entends goutte. Que ceci te serve d’exemple à l’avenir !

Ahuri, déçu, humilié, le marquis se laissa tomber dans un fauteuil, tandis qu’Alice, toujours debout à la même place, le regardait en souriant. Puis elle s’approcha de son frère et reprit :

— Allons, Anselme, ne fais pas cette tête ! Je comprends ton étonnement en me découvrant ici, mais tu sais très bien que je n’ai jamais été une sotte. Il n’est pas défendu de faire des affaires, même à une femme du monde !

Il soupira, encore furieux :

— Pourtant, fait-il remarquer d’une voix sourde, tu aurais pu m’éviter une telle humiliation !

— Les affaires sont les affaires ! Trancha la jeune fille. Dis-toi bien que c’est encore moi qui t’ai avancé l’argent pour retirer ta reconnaissance. En définitive, je me suis remboursée moi-même avec intérêt, ce qui est normal ... De quoi te plais-tu, alors ?

Il se leva brusquement ; la colère l’étouffait.

— Pour me donner cet argent hurla-t-il, tu m’as contraint à certaines promesses !

— De quelles promesses veux-tu parler ? S’écria-t-elle méprisante. Ferais-tu allusion à celle de perdre définitivement Valérie Labeille aux yeux de Robert ? Si cela te répugne à ce point il est encore temps de refuser ... Mais tu me rendras les cinq millions immédiatement !

Il baissa la tête, livide ; elle savait mieux que quiconque qu’il ne les avait plus !

— Ne dramatise rien, Anselme, reprit Alice avec douceur, et sois persuadé qu’en agissant ainsi, ce sera également dans ton propre intérêt.

— Je ne puis supporter l’idée d’avoir été trompé de la sorte par ma sœur ! Murmura le marquis.

Alice rie de nouveau.

— Mais je t’ai aidé, Anselme, ne le comprend-tu donc pas ? Et si tu tiens à savoir toute la vérité, j’ai voulu te cacher mes occupations personnelles afin que tu ne profites pas exagérément de ma générosité en me demandant de l’argent.

— Ceci parce que je te connais trop bien et que je suis parfaitement au courant de tes fâcheuses spéculations. Quant à Macaire, il a toujours été pleinement d’accord avec moi !

— Ce vampire, il ne le paiera ! Rugit Anselme en serrant ses poings.

— Tu ne dois pas lui en vouloir, assura la perfide femme qui essayait de calmer son frère en parlant avec douceur, presque avec tendresse. S’il a touché sa part dans cette affaire, c’est juste, car il s’est tout de suite empressé de te secourir. Il ne mérite pas ton ingratitude.

Le marquis resta quelques minutes fort perplexe.

— Tu es une véritable sorcière, Alice ? Murmura-t-il en la fixant bien dans les yeux. Dorénavant, il faudra que je me méfie de toi !

— Merci ! Répliqua-t-elle en riant. Voilà ce que je récolte en cherchant à faire le bien, et à son propre frère encore ! Allons, n’y pense donc plus, et va plutôt remplir la mission dont je t’ai chargé. N’oublie pas que tu me l’as promis formellement.

Anselme fronça les sourcils.

— Avant de m’engager dans la voie que tu as si bien tracée, Alice, je dois te dire que je ne suis nullement convaincue que les choses se passeront comme tu le prévois. A présent que je connais tes façons d’agir, je me demande si tu ne veux pas me pousser à agir ainsi dans ton seul et unique intérêt.

Cette fois ce fut au tour de la jeune fille de se montrer surprise.

— Que veux-tu dire ? Et en quoi t’aurais-je trompé ?

— Je crains que, lorsque Valérie saura que je l’ai calomniée, elle ne veuille me plus entendre parler de moi ! S’exclama le marquis.

— Si tu sais prendre les précautions nécessaires, elle ne connaîtra jamais ton rôle dans tout cela, dit-elle en haussant les épaules. Et puis, assez discuté ! Tant pis pour toi si tu manques de finesses. Je t’ai déjà dit ce tu aurais à faire et je t’ai assez aidé par mes conseils.

— Je n’arrive pas à me décider, avons insulter un haussant la tête.
— Tu ne vas pas me dire que tu renonces, maintenant que tu n’es plus aux abois ! S’écria Alice. P¨rends garde ! Tu me dois toujours ces cinq millions et cella pourrait te créer pas mal d’ennuis. Si tu ne tiens pas ta promesse, je n’aurai moi, aucune pitié pour toi !

— Que veux-tu dire ?

— Que je saurai agir pour récupérer cet argent, et je n’hésiterais pas à te dénoncer, s’il le fallait ! Aurais-tu oublié déjà la mort de Jacques ?

— Mais tu es monstrueuse, Alice !

— Non, je suis simplement logique ! Trancha-t-elle agacée. Nous avons pris des engagements réciproques ; j’ai respecté la mienne, à ton tour, à présent de tenir parole !

Le marquis comprit que sa sœur avait raison. Il réfléchit quelques secondes, soupira, puis se décida enfin ;

— Eh bien ! Alice, je ne pus rien te refuser. Je te dois beaucoup ... J’agirai donc comme tu le l’a demandé ...

— Commence le plus vite possible.

— Je vais m’y employer dès maintenant.

— Il est entendu, rappela-t-elle en le retenant par le bras, que tu ne souffleras mot à personne de mes activités actuelles dans cette maison.

Le marquis la fixa, puis sourit en hochant la tête.

— Sois tranquille, Alice, nul n’en saura rien, d’autant plus que je n’ai pas à crier sur les toits qu’étant dans le besoin j’ai dû recourir à ma sœur dans sa profession d’usurière !

Il éclata d’un rire sardonique en achevant ces mots et il ouvrit la porte.

— Au revoir, Alice, et rassure-toi pleinement ; tout marchera comme sur des roulettes !

— Je l’espère, dit-elle avec une légère note de menace dans la voix ... surtout pour toi, ajouta-t-elle, car je suis sûre que tu auras de nouveaux besoins d’argent. N’oublie pas que je ne t’en donnerais plus si tu me décevais.

— Il lui fit un signe d’adieu de la main et quitta la pièce.

Une fois seule, elle se demanda si Anselme tiendrait sa promesse ! Où bien pris de scrupules et doutant de réussir, se limiterait-il seulement à donner l’apparence de l’action.

— Je dois le surveiller, pensa la perfide jeune fille. Il est capable de tout ! Mais je ne lui permettrai certes pas d’aller à l’encombre de mes plans et de me jouer avec toi !

Après avoir prie cette détermination, elle se sentit plus tranquille. A présent, elle n’avait plus rien à faire dans ce bureau. Elle jeta un dernier coup d’œil autour d’elle, ragea quelques papiers, puis sortit à son tour de l’appartement.

Elle descendit vivement l’escalier et, pressée de rentrer chez elle, sauta dans sa voiture qu’elle garait dans une rue transversale.

Anselme l’avait précédée chez eux et il s’était rendu directement dans sa chambre.

La découverte qu’il venait de faire l’avait bouleversé.

Rien que d’y penser, une irritation folle l’envahissait car il avait la sensation d’avoir été joué par sa sœur et il en était profondément humilié.

Dorénavant il se méfierait d’elle, car elle était capable des actes les plus incroyables et les plus vils ! Enfin, il réussit à se calmer et sa colère se transforma peu à peu en un optimisme plutôt réconfortant.

« Alice »àsurfairefructifieradmirablement. Lavancequiluiavaitétéaccordéesursapartdhéritage,sedisait-il,etcelapourramêtretrèsutileàmoiaussi,carjauraibientôtbesoindargent,commeellemelapréditsijustement.Commentsenprocurer,sinonparelle ?Etsiellerefusait,jesauraislyobligerdelamenaçantdetoutdévoileràRobertMontpellier.Jenecroispasquecegenredactivitéluiplairait.Dautrepartsiellelaime,ellenetiendracertainementpasàpasserpourcequelleestréellement ...etnevoudraitsûrementpasêtreauxyeuxdesonbien-aimé.

Ha !Ha !Ha !Siellecroitêtrelaplusforte,ellesetrompejoliment.Jevaisfairesemblantdeluiobéirjusquaumomentjeleteindraiàmamerci,etaprès,jenauraiplusàmesoucierdesquestionsmatériellesetjemeconsacreraienfinauseulbutvalabledemavie !ObtenirlamourdeValérie !

 

( A SUIVRE LE 25 MAI )

 

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