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GARE A VOS POCHES

20 Juillet 2012, 09:00am

Publié par nosloisirs

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Les aigrefins de la finance s'attaquent toujours dans leurs entreprises hasardeuses, aux économies des petits gens, fruit du labeur de toute une vie. Il faut que les honnêtes gens sachent se défendre et cessent d'alimenter, avec leur argent honnêtement gagné, les spéculations des boursiers véreux. Il faut aussi que les Français prennent l'habitude de mettre leur argent dans des affaires françaises qui puissent augmenter la richesse du pays.

 

Nos Loisirs, ce bon Magazine disait à ses lecteurs : « Défendez votre argent ! » Depuis les catastrophes se sont succédé.

Il y a toujours des Mary-Reynaud, des Boulaine, des Lepère, dans tout les coins du monde.

Relisez la liste des « affaires » lancées par la plupart des financiers véreux ; elles sont presque toutes situées à l'étranger ; elles portent des noms étrangers ; c'est ce qui « empaume » le public français.

En 1902, les capitaux français placé à l'étranger montaient à trente milliards ; en 1904 à quarante milliards. L'année 1905 voyait encore émigrer trois milliards ; l'année 1906 trois milliards et demi. Pourquoi ? Parce que les établissements qui servent non seulement d'intermédiaire, mais aussi de guides et de conseillers pour les petits capitalistes en quête d'un placement, suggèrent ordinairement l'achat des valeurs étrangères.

Et pourquoi cette suggestion ? Parce que les emprunteurs étrangers payent aux intermédiaires de grosses commissions. Le bénéfice de l'intermédiaire est d'autant plus gros que l'emprunteur est plus douteux, que l'affaire est plus dangereuse. Il s'en moque , l'intermédiaire ! Il gardera son gros courtage quand l'emprunteur fera faillite, et que le prêteur sera réduit à la besace. Sur les emprunts même des États souverains, les banques prennent pour leur part jusqu'à 20 % des capitaux souscrits. Cela montre bien que l'emprunteur est la merci des intermédiaires, qu'il attend avec anxiété le produit de l'émission enfin qu'il est dans une fâcheuse position.

Dans le cours d'une seule année, près de sept cents millions sont ramassés en France pour les naphtes de Bakou, les railways de Mashonaland, les tramways de Rosario, les sucreries de Porto-Rico et cinquante autres affaires exotiques, pendant que la Russie, la Norvège, l'Uruguay, le Mexique, Buenos-Ayres, Madrid, Varsovie etc... emportent trois milliards.

A peine en la possession des souscripteurs français les valeurs baissent comme par enchantement, même celles qui sont émises par des emprunteurs sérieux et solvables, comme les petits États du nord de l'Europe ou les cantons suisses. Les manœuvres des intermédiaires sont si déloyales que le capitalise français paye tout trop cher ; les bonnes valeurs comme les mauvaises. Et les mauvaises lui sont passées par paquets. C'est ce qu'on a vu pour les mines de l'Afrique australe, qui ont enrichi tant de souscripteurs anglais et ruiné tant de souscripteurs français ; les bons titres se vendaient en Angleterre où le public est bien informel ; les mauvais titres arrivaient en France où la crédulité du public n'a point de bornes.

Si les budgets de l'État emprunteur sont en déficit par exemple les budgets de la Hongrie ou des provinces brésiliennes peut importe ; un prospectus de la banque qui « introduit » l'emprunt sur notre marché affirmera que l'affaire est merveilleuse et le public se contentera de cette belle garantie.

Bien mieux ; des gouvernements qui ont fait faillite trouvent de nouveaux crédit auprès de leurs prêteurs détroussés ; ainsi le Mexique, le Portugal, la Serbie, le Guatemala, Le Honduras, le Venezuela, dix autres. Les banques étrangères les plus fantastiques n'ont qu'à proposer ici leur papier, nos petits capitalistes se jettent dessus, précisément parce que la banque emprunteuse est fantastique. On accuse les « boutiquiers » de n'avoir pas d'imagination, de mépriser le roman, de s'enliser dans les réalités basses ; allons donc ! C'est leur imagination romanesque qui les conduit à leur perte.

Les grands emprunts étrangers pour être admis à la cote officielle ont besoin d'une autorisation gouvernementale. Comment se ait-il que les ministres des Affaires étrangères et des Finances, bien renseignés sur la situation vraie des emprunteurs, leur abandonnent ainsi le marché français, au lieu de sauvegarder nos prêteurs ignorants ? Nous avons expliqué plus haut que les intermédiaires des émissions s'occupent uniquement de gagner un gros courtage fût-ce en favorisant d'immenses escroqueries. Mais quelles considérations déterminent les ministres à permettre la funeste opération, quand il dépend d'eux de la rendre impossible ?

C'est une calamité nationale.

Nous nous félicitons volontiers de voir accourir les riches étranges à Paris, dans nos villes d'eaux sur nos routes pittoresques, où ils laissent assurément beaucoup d'or. A quoi bon, si cet or retourne tout de suite aux pays lointains, en échange de mauvais titres ? Les capitaux qui devraient servir à féconder notre sol, à restaurer nos montagnes et nos forêts, à creuser des canaux, à compléter le réseau ferré, à pourvoir nos principaux ports de l'outillage et des installations exigées par la marine nouvelle, s'enfuient de toutes parts. Ni les grands travaux attendus ne s'accomplissent ni les industriels et les commerçants français ne trouvent les avances indispensables au développement de leurs affaires. Pour eux, il n'y a point d'argent français.

L'argent français donne à l'Allemagne le moyen d'achever son admirable réseau de voies navigables ou e multiplier ses usines pour inonder le monde de ses produits, ou d'établir des lignes transatlantiques formidables.

Quand le prêteur français se résout à placer son argent à l'intérieur du pays, c'est aux mains de Rochette ou de Benoît-Levy. Les mésaventures, les désastres ne le corrigent pas de son aveuglement. Que ne ferait-on pas cependant de ce pays si favorisé de la nature, avec les capitaux qui vont s'engloutir au loin, ou qui fortifient nos rivaux contre nous-mêmes !

 

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REVUE NOS LOISIRS DU 10 MAI 1908

TOUS LES LUNDIS SERIE DE PHOTOS A 14 H.

 

 

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