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VOTRE OPINION ET LA NOTRE 2/2

24 Mars 2012, 09:00am

Publié par nosloisirs

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VOTRE OPINION ET LA NOTRE

L'empereur Guillaume a été fort irrité, au cours d'une revue, parce qu'il avait interrogé des conscrits sur l'origine des Hohenzollern, et que les conscrits n'avaient rien su répondre.

L'irritation du kaiser est très justifiée. On a beau dire que les soldats n'ont pas besoin d'instructions pour se faire tuer ; on se trompe. Au XXe siècle toutes les baïonnettes sont intelligentes ; les hommes attachent beaucoup de prix à leur existence et ne la sacrifient pas sans de bonnes raisons.

Quelque variété de dévouement qu'on veuille exiger d'eux, dévouement à la patrie, dévouement au régime politique, dévouement de la personne du chef, il faut leur en avoir démontré la nécessité ou la grandeur. Un Allemand ne mourra pas pour la gloire des Hohenzollern, s'il ignore comment les Hohenzollern ont mérité l'empire. Un Français ne mourra pas pour sa patrie s'il en ignore le passé, les exploits, les épreuves.

C'est pourquoi l'on reportait naguère au maître d'école l'honneur de certaines victoires ; de plus en plus, le maître d'école décidera du sort du gouvernement et du sort des nations.

 

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Il ne faut rien de moins que le salon culinaire annuel pour nous rappeler que la cuisine est un art français. Nous mangeons peu ; nous mangeons mal ; nous n'avons plus le temps ; la science nous dévoile trop de falsifications, dont elle porte d'ailleurs la responsabilité. Les très vieux messieurs se rappellent seuls un temps où la table occupait le premier rang parmi les plaisirs.

Les chroniqueurs ressuscitent invariablement le gourmet légendaire qui, pour s'attacher un cordon bleu sans rival, ne trouve pas de moyen plus sûr que de l'épouser. Mais devenue Madame, la cuisinière déserte le fourneau, épluche les comptes de sa remplaçante, nourrit son époux de radis et de pot-au-feu.

Cet apologue doit être mérité. La maîtresse de maison commet une faute grave en habituant son mari à la sobriété, en le rendant insensible à la mauvaise comme à la bonne nourriture. Les romans et les pièces qu'on écrit sur le divorce, les enquêtes qu'on ouvre sur la crise du mariage ne révéleraient pas tant de catastrophes conjugales, si la femme moderne exploitait la gourmandise masculine.

 

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Le Muséum de paris, qui nourrit à peine ses pensionnaires, ne peut en augmenter le nombre ; il fait appel aux donateurs pour peupler ses cages ; et des voyageurs, des chasseurs, des explorateurs lui envoient des captifs.

Les créatures vivantes que l'homme ne tue pas, il aime à les enfermer, à les enchaîner, pour se confirmer ans l'idée qu'il est le Roi de l'univers. Dans les enclos boueux et dans les cages nauséabondes de tous les jardins zoologiques, on entasse des ours blancs qui regrettent la banquise, et des gazelles qui pleurent le soleil africain ; les lions paralysés, les singes tuberculeux manifestent leur désespoir par des cris et des grognements ; l'éléphant même, le plus sage des animaux, devient furieux après quelques années d'injuste captivité.

Les enfants qu'on mène à ce navrant spectacle n'y apprennent rien que de leur enseignerait aussi bien des livres et les images ; mais ils endurcissent leur cœur, et leur jugement se fausse ; ils croient désormais que l'homme à le droit de faire souffrir les autres animaux pour s'amuser

REVUE NOS LOISIRS DU 29 MARS 1908

 





 

 

 

 

 

 

 

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