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MOINEAUX SANS NID N° 133

25 Avril 2012, 09:00am

Publié par nosloisirs

 

CHAPITRE-133-.jpegIl est impossible d’imaginer tout ce que peut savoir un gamin des rues sur les bas-fonds de Paris.

Pour lui, ils n’ont pas de secrets ; il est au courant de tout ce qui s’y passe, ainsi que des agissements de ces êtres mystérieux, dont beaucoup se cachent pour éviter des ennuis avec la police.

Si l’on désire voir l’un de ces énigmatiques personnages on n’a qu’à en parler à ces gamins, car, presque toujours, ils savent où il est possible de les joindre.

Le soir qui suivit les événements que nous venons de raconter, Pierrot, toujours vêtu de son beau costume neuf, se dirigea vers une brasserie située dans une rue peu fréquentée, réputée par l’abondance de ses plats et la modicité de leurs prix.

Il y allait non avec la perspective de faire un bon repas mais dans l’espoir d’y apercevoir « Le Boiteux ».

Durant toute la journée, ainsi que la nuit qui avait suivi, le petit garçon avait mené une enquête serrée afin de découvrir l’auteur de l’enlèvement de Mireille.

Tout d’abord, il s’était entretenu avec « La Chouette », mais il comprit très vite qu’elle ne savait rien concernant la fillette.

Il avait également parlé avec presque tous ceux qu’il soupçonnait et se renseigna également pour connaître le nom des clients de « l’Araigne » qui étaient allés la voir après l’agression dont elle avait été victime. Seuls deux d’entre eux, ne s’étaient pas montrés ; un vieux malfaiteur, vivant du produit de ses larcins et « Le Boiteux »

Pierrot écarta le premier, le jugeant trop mou et incapable d’entreprendre un coup de cette envergure et concentra ses soupçons sur l’autre.

Il savait également que, lorsque « Le Boiteux » avait de l’argent, il venait prendre ses repas dans cette brasserie.

Lorsque le petit garçon pénétra dans la salle, il alla s’asseoir à la table voisine de celle qu’occupait habituellement le bandit.

« Le Boiteux » ne s’y trouvait pas. Pierrot commanda deux œufs sur le plat et une assiette de pommes de terre frites, décidé à attendre tout le temps qu’il faudrait. Il mangea lentement avec grand appétit et repris ensuite l’attente qui s’annonçait longue.

Enfin, le ravisseur de Mireille apparut sur le seuil du restaurant, accompagné de son inséparable complice.

Dès le premier coup d’œil, Pierrot réalisa que les deux hommes avaient dû ingurgiter de nombreux apéritifs. Après s’être assis, ils commandèrent un copieux repas, arrosé de Beaujolais de l’année, sans avoir remarqué l’enfant qu’aucun d’eux ne pouvait reconnaître ainsi transformer.

Tout en affectant la plus parfaite indifférence, Pierrot prêtait une oreille (qu’il avait très fine) des plus attentive à la conversation de ses voisins de table.

Au début les deux voyous s’entretinrent de banalités n’ayant aucun rapport avec ce qui intéressait le petit garçon. Puis probablement sous l’effet des verres qu’ils ne cessaient de vider, leurs langues commencèrent à se délier, et ils firent ensuite souvent allusion au prochain voyage à Barcelone.

« Tiens,seditPierrottrèsintrigué,cestdanscettemêmevillequesestrenduemademoiselleValérie ! »

— Quand comptes-tu partir ? Demanda à cet instant le complice du « Boiteux ».

L’autre haussa les épaules et répliqua :

— Il faut attendre encore et ne pas quitter Paris si rapidement ; et puis, il est dangereux d’aller dans une gare et encore plus de prendre un billet pour une destination précise.

Son compagnon ne partageait pas du tout cet avis.

— Puisqu’il y a un présumé coupable en prison à notre place, nous n’avons rien à craindre. Tu sais bien que lorsque la police a arrêté quelqu’un, elle s’en contente.

— C’est assez juste, admit l’autre en se servant à boire.

Bien qu’ils parlassent à voix basse, Pierrot ne perdait pas un seul mot de l’entretien.

— N’oublie pas que cette affaire est urgente et que nous n’avons pas de temps à perdre, reprit son complice. Il faut que tu partes sans tarder à la recherche de cette femme. Ce ne sera pas tellement facile de la découvrir dans une ville aussi importante que Barcelone. Cela prendra sûrement plusieurs jours. Et il faut conclue la chose très vite ; autrement, Dieu seul sait ce qui pourrait se passer !

— Tu as raison, approuva son compère en vidant son verre d’un trait ; mais, ajouta-t-il, il ne faut pas non plus agir trop vite, car il faut penser à tout. C’est une affaire trop intéressante pour risquer de la rater en se pressant.

— Si tu le penses, poursuivit l’autre en se versant un grand verre de Beaujolais qu’il vida jusqu’à la dernière goutte, comme d’ailleurs son commensal, je pourrai me rendre à la gare. Comme je ne suis pas aussi connu que toi et que je n’ai jamais eu de rapports avec « l’Araigne », personne ne pourra me soupçonner.

A ces mots, Pierrot frissonna d’émotion.

Il n’avait pas besoin d’en entendre davantage pour avoir la certitude que ces deux hommes étaient bien les auteurs du vol chez « l’Araigne » et de l’enlèvement de mireille. Il ne lui restait plus qu’à savoir ce qu’ils avaient fait d’elle et connaître le motif de leur voyage à Barcelone, ou, tout au moins, pourquoi ils tenaient tant à rencontrer Valérie Labeille.

Quels étaient donc les projets de ces misérables ? Que combinaient-ils ? Pourquoi avaient-ils enlevé et séquestré Mireille ? On ne pouvait certainement n’attendre à rien de bon de leur part ...

— Il faudrait, dit brusquement « Le Boiteux » à son ami, que tu ailles à la gare d’Austerlitz voir un peu ce qui s’y passe. Si tu aperçois des agents paraissant guetter quelqu’un parmi la foule des voyageurs, viens aussitôt me prévenir.

Les deux hommes à présent, s’exprimaient avec la difficulté propre à tous les ivrognes. Aussi, Pierrot, poussé par une impulsion subite, quitta sa chaise et se planta devant la able des deux compères.

— Bonjour « Le Boiteux » l’aspostropha-t-il d’une voix moqueuse.

L’homme le dévisagez sans le reconnaître, bien sûr, puis il s’informa, soupçonneux :

— Qui es-tu ? Et comment se fait-il que tu me connaisses ?

— Quoi ? S’écria l’enfant en éclatant de rire, vous ne m’avez pas reconnu ?

— Je ne t’ai jamais vu ! Déclara « Le Boiteux ».

— Examinez-moi mieux ! Insista le petit garçon avec ironie.

Le malfaiteur se pencha vers lui et murmura après l’avoir regardé très attentivement.

— En effet, ton visage ne m’est pas totalement étranger, mais je n’arrive pas à situer où et quand j’ai pu déjà te rencontrer.

— Nous avons travaillé quelquefois ensemble, rappela l’enfant. Ne vous souvenez-vous pas du jour où vous m’avez installé dans un taudis avec la mère Rainer, en me faisant passer pour son fils mourant ? Une petite affaire qui vous a alors rapporté plus de dix mille francs !

« Le Boiteux » sursauta sur sa chaise.

— Mais c’est vrai ! S’exclama-t-il stupéfait. Tu es Pierrot ! Comment pourrais-je te reconnaître, nippé de la sorte ?

— Pierrot ! Répéta son compagnon, pensif, se souvenant de ce que leur avait demandé Mireille à son sujet.

— Qui t’a habillé ainsi ? Le questionna « Le Boiteux » en le dévisageant avec la plus grande attention.

Pierrot haussa les épaules et répliqua avec une pointe d’orgueil dans la voix :

— J’en ai en tout simplement assez de porter mes guenilles !

Le plus vif étonnement se marqua sur les traits de son interlocuteur.

— Et où as-tu pris l’argent pour ça ? Ajouta-t-il.

— C’est mon affaire ! Trancha froidement Pierrot.

« Le Boiteux » hocha la tête à deux ou trois reprises, très intrigué, puis reprit :

— Je ne demande quel coup tu as pu combiner pour te procurer de quoi te nipper pareillement !

Pierrot éclata de rire et s’empressa de répliquer :

— C’est fort possible que j’ai « fait un coup ... » Comme vous avez toujours répété « Qu’en travaillant honnêtement on n’arrivait jamais à rien ... » je me suis débrouillé autrement. Si, par hasard, vous aviez un jour, besoin d’un coup de main – mais bien payé s’entend – je serais à votre disposition.

« Le Boiteux », cette fois, le regarda avec une évidente admiration.

— Eh bien ! C’est entendu, gamin ! S’exclama-t-il en riant. Tu m’as l’air déjà très fort !

— Avez-vous appris ce qui est arrivé à « l’Araigne » ? Demanda l’enfant, simulant la plus parfaite indifférence.

— Naturellement ! Répondit le bandit. Tous les journaux en parlent en long et en large !

— Qui aurait fait le coup d’après vous ? Insista le petit garçon, l’air intrigué.

— Quoi ? Tu ne le sais pas ? Mais c’est un peintre, un certain Robert Montpellier qui tenait surtout à reprendre la fillette.

— Vous croyez ça, vous ? Demanda Pierrot ironiquement.

— Que veux-tu donc insinuer ? Grogna l’homme soudain méfiant.

— Je connais justement très bien ce monsieur Montpellier et je sais qu’il est incapable d’avoir agi de la sorte, déclara Pierrot avec assurance.

— Et alors, qui aurait fait le coup, d’après toi ?

— Je n’aime accuser personne sans posséder auparavant des preuves irréfutables, répondit Pierrot.

« Le Boiteux » le fixa, de plus en plus soupçonneux.

— Tu crois savoir quelque chose ? Reprit-il.

— C’est possible ... admit l’enfant d’un air mystérieux.

— Pourquoi ne vas-tu pas le raconter à la police ?

— Parce que je ne veux avoir aucun rapport avec elle ! Déclara fermement Pierrot. Les agents ne pensent qu’à rouer de coups les malheureux et les juges à les faire moisir en prison, même s’ils n’ont fait aucun mal, alors que les véritables coupables et les bandits jouissent de toute leur liberté et peuvent même s’offrir du bon temps !

Les deux complices commencèrent à s’agiter sur leurs chaises en entendant ces derniers mots.

— Tu m’as l’air terriblement malin, Pierrot ! S’écria « Le Boiteux ».

Heureusement pour moi que je ne suis pas tout a fait idiot ! Répliqua l’enfant en riant. Et je suis même souvent bien mieux renseigné que la police !

— Tous mes compliments ! S’esclaffa le bandit.

— Ne riez pas si fort ! Je dis tout cela bien intentionnellement.

— Alors, explique-toi plus clairement ! Ordonna son interlocuteur qui commençait à comprendre que le petit garçon en savait beaucoup plus long qu’il n’avait pu le supposer.

— Eh bien ! Voilà, reprit Pierrot après quelques secondes de réflexion ; vous n’ignorez pas combien je suis attaché à Mireille, n’est-ce pas,

— Est-elle ta fiancée ? Questionna ironiquement « Le Boiteux »

— Qu’est-ce qui vous l’a dit ? répliqua le petit garçon gouailleur.

— Bois donc un verre de cet excellent Beaujolais ! Proposa soudain son interlocuteur.

— Non, merci beaucoup ; ce serait dommage, car je ne saurais l’apprécier. Mais revenons à nos moutons ; comme je viens de vous le dire, j’aime beaucoup Mireille et depuis son enlèvement, je me suis fourré dans la tête de découvrir qui étaient ses ravisseurs ?

« Le Boiteux » plissa ses yeux pour cacher l’éclat de méchanceté et d’inquiétude, aussi, qui s’y reflétaient, puis il demanda simulant la plus parfaite indifférence :

— Y as-tu réussi ?

— Certes et très facilement, répliqua Pierrot d’un air triomphant.

— Ah ! Et comment t’y es-tu pris ? Insista le malfaiteur.

— En réfléchissant beaucoup, expliqua l’enfant. Je me suis dit : < La ou les personnes qui ont enlevé Mireille, l’ont ait dans le but de la faire mendier à leur place ...>

— Décidément, mon petit gars, tu raisonnes à merveille ! J’espère toutefois que ce n’est pas moi que tu soupçonnes ? Continua-t-il en riant.

— Non, non, protesta vivement Pierrot, car je sais quel brave et honnête homme vous êtes ... et si malheureux par-dessus le marché ! Car chaque jour vous perdez quelqu’un de votre famille ; tantôt votre femme, tantôt un fils et vous ne possédez pas un seul sou pour les enterrer !

— Je constate, petit, que tu te payes ma tête en ce moment ! Grommela l’autre furieux.

— Je cherche seulement à vous ressembler de mon mieux et avoir de l’argent comme je peux !

Un silence suivit ; les malfaiteurs étaient fort inquiets des propos tenus par Pierrot. Quant à l’enfant il se demandait comment leur porter le coup définitif et les confondre totalement ...

— Qu’avez-vous fait de Mireille ? Leur demanda-t-il brusquement.

Cette question posée à brûle-pourpoint, dérouta complètement les deux hommes qui ne s’attendaient guère à une attaque aussi directe. Cependant « Le Boiteux » se ressaisit et répliqua :

— Que dis-tu ? Serais-tu devenu fou par hasard ?

Pierrot le fixa sévèrement.

— Je sais, reprit-il très couragement que vous et cet homme avait fait le coup !

Il se leva après avoir prononcé ces paroles et ajouta vivement :

— Si vous ne me révélez pas sur-le-champ où est Mireille, je sors appeler l’agent qui se trouve en ce moment en fonction au bout de la rue !

« Le Boiteux » fit semblant de s’en moquer et éclata d’un rire sonore.

— Tu peux le faire si ça t’amuse ! S’exclama-t-il.

Alors, risquant le tout pour le tout, l’enfant courut vers la porte devant laquelle venaient de s’arrêter justement deux agents, tout en continuant à bavarder tranquillement dans la rue.

Les ayants aperçus, le ravisseur de Mireille se leva en jurant et, s’élançant derrière Pierrot qu’il arrêta en le saisissant par la manche de sa veste.

— Reviens donc, idiot ! S’écria-t-il. Qu’allais-tu faire ? Tu es fou ?

Sans se laisser intimider le moins du monde, le petit garçon leva sur lui son regard le plus méprisant, se libéra d’un coup brusque et répliqua très froidement :

— Acceptez-vous, oui ou non, de me dire où vous cachez Mireille ?

L’homme se gratta la tête avec embarras, poussa un grand soupir puis décida :

— Assieds-toi et parlons !

Pierrot le suivit jusqu’à sa table que le second voyou occupait toujours. Ils s’assirent et « Le Boiteux » dévisagea l’enfant, cherchant à deviner où il voulait en venir, puis il lui demanda :!

— Pourquoi me soupçonnes-tu, Pierrot ?

— Parce que je viens d’entendre, à l’instant, tout ce que vous vous disiez !

— Mais nous n’avons jamais parlé de cette petite fille ! Protesta le misérable.

— Si, vous en avez parlé, affirma Pierrot. Vous avez même dit que vous deviez partir pour Barcelone à la recherche de mademoiselle Valérie. De quelle sordide affaire est-il encore question ? Que cherchez-vous donc à obtenir avec toutes ses intrigues ?

L’homme hocha la tête, fixa tristement l’enfant, puis répondit en soupirant :

— Tu as tout simplement rêvé, mon garçon !

— Ah ! Si vous le prenez ainsi, ça vous coûtera très cher ! Menaça Pierrot. Dites-moi immédiatement où se trouve Mireille

— Viens, je vais te conduire près d’elle.

— Pour m’enfermer, moi aussi ? S’exclama le garçonnet avec ironie. Me prenez-vous pour un imbécile ?

— Alors, que veux-tu donc ? Répliqua « Le Boiteux » furieux.

— Que vous m’indiquer où elle est, c’est tout, expliqua Pierrot avec beaucoup de calme. J’irai ensuite la chercher tout seul. Je suis assez grand pour m’occuper d’elle !

— Je suis de votre avis où elle a eu déjà plus que son compte en restant auprès de vous, répliqua Pierrot sarcastique.

— Que t’imagines-tu donc ? Ne comprends-tu pas que j’agis ainsi uniquement pour son bien ?

— Allez raconter à d’autres de telles idioties ! S’écria Pierrot avec colère. Vous n’avez jamais fait aucun bien durant votre existence !

— Cette fois, c’est tout à ait différent, affirma solennellement le misérable en posant la main sur son cœur. Et puis, ne sais-tu pas que si je la libérais « l’Araigne » la reprendrait aussitôt ?

Pierrot hocha la tête, nullement convaincu.

— Je ne sais ce qui est le pire, murmura-t-il ; rester auprès de vous ou retourner chez la mère Picquet.

Dominant sa rage avec difficulté, « Le Boiteux » reprit :

— J’avais aussi l’intention de la conduire à mademoiselle Valérie Labeille, en échange, naturellement, d’une jolie somme.

— Ah ! Brigand, tu avoues donc ! S’exclama Pierrot, indigné.

Et sans laisser cette fois le temps aux deux hommes d’intervenir, il sortit en courant de la brasserie et se précipita vers les deux agents qui voyant cet enfant si bien mis courir vers eux, lui demandèrent avec empressement ce qui lui était arrivé.

— Rien du tout en ce qui me concerne, répondit Pierrot, mais je suis venu votre prévenir que, dans ce restaurant, s trouvent les agresseurs de la rue de l’Ourcq, ceux qui ont enlevé la fille adoptive de madame Picquet !

— Qu’est-ce que tu racontes ? S’écria l’un des deux hommes, stupéfaits. Et comment peux-tu être au courant de cela ?

— Parce qu’ils viennent de le dire et que je les ai parfaitement entendus, répliqua sans hésiter la jeune garçon.

Pendant ce temps, « Le Boiteux » et son compère hésitaient ne sachant quelle décision prendre. Arrivés sur le seuil de la porte, ils n’osaient prendre les jambes à leur cou. D’ailleurs, le serveur de la brasserie les avait rejoint, exigeant à grands cris le règlement de l’addition.

— Tiens ! Les voilà ! S’exclama Pierrot en les désignant du doigt aux agents.

L’attitude embarrassée et la frayeur visible des deux malfaiteurs finirent pas achever de convaincre les représentants de l’ordre qui, sans plus hésiter, s’élancèrent vers l’établissement au pas de course ...

 

( A SUIVRE LE 28 AVRIL )

 

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