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MOINEAUX SANS NID N° 132

22 Avril 2012, 09:00am

Publié par nosloisirs

 

CHAPITRE-132-.jpegPendant ce temps, la pauvre Mireille, enfermée dans la maison du « Boiteux » pleurait amèrement.

Tout d’abord, lorsqu’elle avait réalisé qu’on l’enlevait la fillette avait cru que ses hommes masqués obéissaient aux ordres de Valérie et de Robert Montpellier qui désiraient l’arracher aux griffes de « l’Araigne ». Mais dès qu’elle reconnut « Le Boiteux », cet espoir s’évanouit.

Elle était très malheureuse chez la mère Picquet ; pourtant, auprès de ce sinistre et inquiétant personnage, c’était bien pire, car elle n’ignorait pas ce qu’il attendait d’elle et qui lui répugnait tellement ; demander l’aumône durant des nuits interminables, errant par les rues de la capitale pour essayer d’apitoyer les passants ...

Mireille ne cessait aussi de penser à son inséparable Pierrot et à Valérie que, peut-être elle ne retrouverait jamais !

Se voyant enfermée dans la sinistre demeure du « Boiteux » avec les deux bandits, elle éprouva le plus grand désespoir de sa courte existence. Qu’allait-elle devenir, à la merci de ces malfaiteurs ?

— Mi menaçant, mi moqueur, l’homme lui dit :

— N’aie donc pas si peur, fillette ! Ici, tu seras infiniment mieux que chez cette vieille sorcière, mais il faudra bien te conduire et ne pas désobéir. Tu mangeras à ta faim et tu ne manqueras de rien avec moi. Tu auras également un lit douillet et même quelques friandises.

La pauvrette l’écoutait à peine ; elle savait, par expérience qu’il ne disait que des mensonges.

— Jamais je n’irai mendier ! Osa-t-elle déclarer.

L’homme haussa les épaules et la fixa en riant sarcastiquement.

— Tu feras ce que je t’ordonnerai, as-tu compris ? Mais sois tranquille ; tu ne mettras pas le nez dehors.

Très étonnée, Mireille garda un moment le silence, puis reprit :

— Alors, pourquoi m’avez-vous volée à « l’Araigne » ?

— Ca, c’est mon affaire, répliqua « le Boiteux » sèchement (Puis il ajouta avec plus de douceur) : J’ai cherché, vois-tu, à te secourir.

L’enfant ouvrit de grands yeux, de plus en plus stupéfaite.

— Vous voulez me secourir, vous ?

— Et pourquoi pas, ma mignonne ? S’exclama-t-il en souriant. Je ne suis pas aussi mauvais que tu peux le penser. Tu seras traitée comme une petite princesse ici. Mais si tu t’avisais de créer ou de demande du secours, je t’enfermerais dans une chambre noire remplie de souris ... Compris ?

— Et je ne pourrai jamais plus sortir ? Demanda de nouveau Mireille.

— Non. Pas même mettre le nez à la fenêtre, précisa le bandit.

La petite fille éclata en sanglots. Mais « le Boiteux » et son complice – qui n’avait pas encore pris la parole jusqu’alors – s’entretinrent à voix basse, sans plus s’occuper d’elle.

De temps à autre, elle les fixait de ses beaux yeux noyés de larmes, de plus en plus terrorisés.

Elle les vit ensuite sortir de leurs poches l’argent dérobé à « l’Araigne » pour se le partager. Tout en les surveillant du coin de l’œil, elle examinait la pièce, cherchant le moyen de s’enfuir de cette effroyable tanière. Mais hélas ! Elle ne découvrit aucune solution à ce problème.

Un peu plus tard, les deux hommes sortirent, la laissant toute seule. Alors, la malheureuse enfant s’agenouilla sur le carreau glacé de la pièce et pria de toute son âme la Sainte Vierge, la suppliant de l’aider à quitter ce tandis et de rejoindre ceux qu’elle chérissait.

— Sainte Vierge, murmurait-elle, aidez-moi ! Secourez-moi ! Ayez pitié de moi ! J’ai si peur ! Je me sens si seule et si malheureuse ! Rendez-moi, je vous en conjure à mon Pierrot et à mademoiselle Valérie que j’aime tant !

Il lui sembla ensuite que la sainte Vierge ne manquerait pas de l’aider, et, malgré son immense terreur et son chagrin, une faible lueur d’espérance se glissa en son âme candide et pure.

Elle demeura assise sur sa chaise, incapable de penser, les yeux rivés au plafond, tandis que de grosses larmes coulaient silencieusement sur ses joues pâles. Elle resta ainsi jusqu’à ce que les premières blancheurs de l’aube comment à éclairer la fenêtre ...

« Le Boiteux » et son complice rentrèrent vers le début de la matinée. En voyant que la fillette n’avait pas bougé de sa chaise, le premier de ces sinistres personnages lui demanda, stupéfait :

— Que fais-tu donc ici ? Pourquoi ne t’es-tu pas couchée ?

— J’avais trop peur, murmura Mireille.

— Pourtant, tu as un bon lit que j’ai acheté exprès pour toi dans l’autre chambre. Viens donc voir !

« Le Boiteux » la conduisit dans la pièce voisine où, en effet, il y avait un petit lit de fer avec un confortable matelas et des couvertures toutes neuves, mais sans draps, luxe que l’homme avait jugé tout à fait superflu.

— Comment le trouves-tu ? Lui demanda-t-il en souriant. Il est bien mieux, n’est-ce pas, que l’horrible paillasse sur laquelle te faisait dormir « l’Araigne » ? Allons, couche-toi et repose-toi un peu.

Il la quitta après avoir prononcé ces derniers mots sur le ton d’un ordre et retourna auprès de son complice pour reprendre leur entretien, non sans avoir donné un tour de clé à la porte.

— Voyons un peu ce que racontent les journaux sur notre petite expédition ! S’écria-t-il en extrayant plusieurs quotidiens de ses poches.

Et il se mit à lire à haute voix les articles se rapportant au vol et au rapt de la nuit précédente.

Très étonnés, et ravi bien s^pur, les deux hommes apprirent qu’il existait un présumé coupable, qu’il était riche et entretenait des relations fort suivies avec Valérie Labeille ...Celle qu’il savaient être la mère de Mireille et qu’ils avaient l’intention de faire chanter !

Pendant ce temps, la petite fille, au lieu de se coucher, c’était approché sans bruit de la porte de communication pour écouter ce qui se disaient les deux malfaiteurs. Elle apprit ainsi que Robert Montpellier avait été arrêté, accusé de vol chez « l’Araigne » et de son enlèvement.

— Tout marche à merveille ! S’écria le complice du « Boiteux » l’air ravi.

— En effet, grogna l’autre, excepté ce qui est le plus important pour nous, car cette femme est partie pour Barcelone !

— Qu’est-ce que ça fait ? Répliqua l’autre avec un haussement d’épaules. Avec l’argent que nous avons, nous pouvons très bien aller l’y rejoindre.

— Et la gamine ? Fit observer « le Boiteux ».

— Diable ! Bougonna l’autre, perplexe, je l’avais oubliée. Nous ne pouvons pas la laisser ici toute seule, ni non plus la confier à qui que ce soit !

— Alors, il nous faudra attendre que Valérie revienne à Paris !... Oh ! J’ai une idée, reprit « Le Boiteux » après un silence, je vais aller là-bas et toi tu resteras ici pour surveiller et t’occuper de la gosse.

— Connais-tu l’adresse de cette femme à Barcelone ?

— Comment veux-tu que je sache ? Répliqua son compagnon, énervé. Je sais seulement qu’elle est partie en Espagne retrouver son père qui s’appelle Labeille et qui possède une énorme fortune. Ce dernier détail me permettra de les découvrir facilement car il doit être connu là-bas. Alors, je pourrai voir la mère de la petite.

En entendant ses paroles, Mireille pâlit, puis rougit et tomba à genoux ...

Son âme d’enfant n’avait encore jamais ressenti une pareille émotion, pas même durant les nuits tragiques dans le pavillon de chasse du marquis, ni au cours des glaciales nuits d’hiver où, sous la neige, mal chaussée et à peine vêtue, elle demandait la charité ... Non, jamais, jamais elle n’avait éprouvé une aussi violente sensation !

Car les propos qu’elle venait d’entendre révélaient que Valérie Labeille était sa vraie maman ... Ces misérables avaient bien dit : « La mère de la petite ! »

Comment pouvaient-ils le savoir ? Et s’ils en étaient sûrs, pour quelle mystérieuse raison l’avaient-ils enlevé ? Pourquoi aussi tenaient-ils tellement à aller à la recherche de Valérie ?

Voulaient-ils donc la restituer à sa mère ? Alors, ils n’étaient pas aussi méchants qu’elle l’avait supposé ?

Sans plus réfléchir à ce qu’elle faisait, tant elle était impatiente de connaître la vérité, Mireille frappa à la porte de toute la force de ses petits poings, en criant à tue-tête :

— Ouvrez ! Ouvrez vite, je vous en supplie !

« Le Boiteux » et son complice sursautèrent, saisis ; le premier demeura hésitant quelques secondes, puis jura affreusement, se leva finalement et ouvrit à la fillette.

— Qu’est-ce qui te prend, petite ? Lui demanda-t-il sévèrement.

L’enfant leva sur lui ses beaux yeux implorants, joignit ses menottes et murmura d’une voix que l’émotion faisait trembler :

— Je vous supplie, au nom de ce que vous avez du plus cher au monde, de me dire la vérité §

— La vérité ? Répéta l’homme stupéfait. De quelle vérité veux-tu parler ?

— C’est ... c’est au sujet de ce que vous venez de dire à l’instant, expliqua-t-elle franchement.

— Ainsi, tu écoutes aux portes ? Questionna-t-il furieux.

— Oui, avoue-t-elle en baisant la tête. Mais je voudrais tant connaître la vérité ! Poursuivit-elle angoissée. Car j’ai entendue tout ce que vous avez dit et lu dans les journaux.

L’homme jura de nouveau et lui allongea une gifle.

— Tiens ! Cria-t-il. Voilà qui t’apprendra à te mêler des affaires des autres !

La fillette frotta sa joue devenue toute rouge sous le coup, mais le désir de savoir l’emporta sur la douleur ressentie ; et elle reprit :

— Ca me regarde, au contraire, puisque vous parlez d’aller voir ma mère !

— Je n’ai jamais dit une chose pareille ! Mentit affrontement « Le Boiteux »

— Si, vous l’avez dit ! Protesta-t-elle. Je vous ai parfaitement entendu déclarer que vous vouliez partir pour Barcelone chercher mademoiselle Valérie Labeille, la mère de la petite ... Et la « petite » c’est moi !

Les deux hommes échangèrent un regard perplexe, puis « Le Boiteux » demanda à l’autre.

— Que faire à présent ?

— Il vaut peut-être mieux tout lui dire, répondit à voix basse son interlocuteur.

Mireille s’était agenouillée à leurs pieds, suppliant non le Ciel, cette fois, mais ces deux hommes dont les lèvres pouvaient énoncer ce qui lui donnerait la plus grande joie de sa vie. En pleurant, et de sa voix si douce que brisaient les sanglots, elle disait :

— Je vous conjure de me dire la vérité ! Vous ne pouvez imaginer combien j’aime ma mère, même sans la connaître. Il ne s’écoule jamais une seule minute sans que je pense à elle ! Si vous avez eu une maman, vous pouvez me comprendre, car il n’existe rien de pareil sur terre ! C’est ce qu’il y a de plus beau, de plus doux ! Et ceux qui n’en ont jamais eu sont des malheureux !

Après avoir réfléchi quelques instants « Le Boiteux » hocha la tête et répondit :

— Si tu me jures sur la tête de ta mère de faire tout ce que je te demanderai et ne jamais me mentir, alors, moi, également, je te confierai ce que je sais !

— Je vous le jure, Monsieur ! S’empressa de répondre avec élan la pauvre enfant.

L’homme sembla hésiter encore, soupira, puis reprit :

— Bon ! Dis-moi pour commencer comment tu as connu mademoiselle Labeille.

La fillette ne répondit pas tout de suite, elle n’osait avouer qu’avec Pierrot, ils avaient commis le grave péché d’écouter la confession de la jeune femme à son curé. L’abbé Louis lorsqu’ils le lui avaient raconté, leur avait bien recommande de ne jamais rien révéler à quiconque ce qu’ils avaient entendu.

Mireille se décida pourtant à parler, et expliqua :

— Je l’ai connue par une nuit glaciale où il neigeait très fort. Pierrot, croyant que j’allais mourir de froid, me conduisit dans la maison de mademoiselle Valérie.

Elle s’interrompit un instant, puis continua :

— Soudain, Pierrot et moi la vîmes quitter sa maison. Elle avait l’air en proie à un immense désespoir et nous avons eu nettement l’impression qu’elle allait attenter à ses jours. Nous l’avons rejointe presque aussitôt, parce qu’elle était tombée de tout son long dans la neige. Pierrot et moi nous l’avons relevée, réconfortée, embrassée, tandis qu’elle sanglotait. Puis nous l’avons reconduite chez elle. Et depuis, nous sommes restée très bon amis tous les trois, ainsi qu’avec monsieur Robert Montpellier qui aime mademoiselle Valérie.

« Le Boiteux » la dévisagera avec attention et lui demanda ensuite :

— Sais-tu quelque chose concernant le passé de cette femme.

— Oui, mais je ne puis le répéter parce que ça ne me regarde pas !

— Alors, tu sais qu’elle a une petite fille ?

— Je le sais, mais je sais aussi que cette petite fille est morte presque tout de suite après sa naissance.

— Dis-moi, insista l’homme ; ne trouves-tu pas extraordinaire que mademoiselle Labeille t’aime tant ?

— Ma foi non, car elle m’a également confié que sa fille aurait exactement mon âge si elle n’était pas morte. Et puis, mademoiselle Valérie aime aussi beaucoup Pierrot.

Un autre silence suivit ces paroles que rompit soudain « Le Boiteux » !

— Quel âge avais-tu lorsque tu es allée chez « l’Araigne » ?

— Je ne sais pas ! Je ne me souviens pas. Depuis toujours je crois, répondit Mireille avec découragement.

— Connais-tu les raisons pour lesquelles mademoiselle Labeille est partie pour Barcelone ? Demanda encore « Le Boiteux ».

Cette fois, le visage de la fillette s’éclaira et elle répondit sans hésiter :

— Oui, elle est allée rejoindre son père qui est très malade et qui a envoyé une très belle dame la chercher.

L’homme réfléchit quelques secondes, puis continua :

— Son père n’était-il pas fâché avec elle ?

— Si, Monsieur, dit Mireille, mais il lui a pardonné et il est maintenant tout à fait convaincu que les accusations formulées contre sa fille n’étaient que d’infâmes mensonges.

— Tu connais le père de Mademoiselle Labeille ? S’informa « Le Boiteux » en la fixant avec la plus grande attention.

— Oui, répondit promptement la petite fille. Je l’ai rencontré la fois où il s’est tellement disputé avec mademoiselle Valérie. Et lorsqu’il m’a aperçue, il a dit que je ressemblais étonnement à sa pauvre femme.

Très satisfaits des réponses de Mireille, les deux hommes échangèrent un regard de contentement.

Comme les deux hommes gardaient le silence, Mireille les fixa de ses beaux yeux si doux et dit avec fermeté :

— A présent, c’est à vous ne me révéler la vérité !

« Le Boiteux » hocha la tête, sourit, puis déclara :

— Oui, j’ai l’absolue certitude que mademoiselle Labeille est bien ta mère !

— Comment est-ce possible ! Balbutia douloureusement la pauvre fillette, puisque son enfant est morte ?

— C’est ce que tu crois ! Répliqua l’homme, laconique.

— Ce serait donc faux ? S’écria Mireille, les yeux étincelants.

— Oui, affirma le malfaiteur.

— Comment pouvez-vous le savoir ? Reprit-elle d’une voix qui tremblait d’anxiété. Qui vous l’a dit ? Répondez-moi pour l’amour de Dieu !

— Il sourit de nouveau, haussa les épaules, puis déclara :

— A vrai dire, personne ne me l’a confirmé, mais j’ai des yeux pour voir et je ne puis non plus tombé de la dernière pluie. J’ai su tirer les verts du nez à « l’Araigne », petit à petit, sans qu’elle s’en aperçoive.

La fillette pâlit davantage et ses lèvres frémirent. Elle préférait ne pas encore croire ce que disait « Le Boiteux » pour ne pas avoir ensuite à souffrir d’une trop terrible désillusion.

— Mais êtes-vous sûr de ce que vous avancez ? Murmura-t-elle d’une voix tremblante.

— Oui, petite, affirma-t-il sans hésiter. Et si je pouvais garder encore quelques doutes, tu viens de les effacer tout à fait.

— Moi ? s’écria Mireille en faisant des effort inouïs pour ne pas éclater en sanglots, tant elle était bouleversée.

— Oui, car tu viens de répéter ce qu’avait dit ton grand père ; que tu ressemblais étrangement à sa femme défunte, répondit « Le Boiteux » très satisfait.

— Alors ... c’est vrai ! S’exclama l’enfant, le visage rayonnant de bonheur.

— En outre, intervint le compagnon du « Boiteux » cette maudite Picquet connaissait très bien ton père qui te céda à elle.

— Vous ... vous savez qui est mon père ? Balbutia Mireille devenant plus pâle qu’une morte.

Brusquement, elle se souvint de la confession de Valérie et l’odieux visage de Jean Marigny se présenta à sa mémoire.

— Ton père est la plus ignoble canaille de toute la terre ! Grogna « Le Boiteux » et il est préférable que tu l’ignores, petite.

Un pénible silence suivit ces dernières paroles.

Les deux bandits se sentaient émus, malgré eux, par l’expression du visage de la pauvre enfant. Soudain, le complice du « Boiteux » prit la parole :

— Allons, mignonne, ne fais pas une telle tête. Aucun de nous ici-bas ne peut choisir ses parents ; autrement, je t’assure que je m’en serais choisi de bien différents des miens !

— Ce qui importe surtout pour moi, fillette, reprit « Le Boiteux » c’est que tu retrouves ta mère !

— Je vous supplie de me conduire tout de suite auprès d’elle, implora-t-elle les yeux de nouveau brillants de larmes.

— Ce n’est pas possible ! Déclara sèchement « Le Boiteux ».

— Vous ne le voulez pas ? Demanda Mireille déconcertée. Si c’est à cause du prix que coûterait mon voyage, soyez entièrement rassuré ; je suis certaine que ma mère vous le remboursera.

— Il faudra qu’elle me paie cher pour que je te rende à elle ! Ajouta ironiquement le cynique individu, mais il ne s’agit pas de ça ...

— Et de quoi, alors ? Questionna Mireille au comble de l’agitation.

— Cela me regarde ! Cria « Le Boiteux ». Tu vas, pour l’instant, rester ici sans te faire voir de personne pendant que j’irai retrouver ta mère et ensuite nous reviendrons ensemble auprès de toi.

Mireille se rappela tout à coup le mensonge que lui avait débité autrefois Alice, lorsqu’elle lui avait lu à haute voix (la fillette ne savait pas du tout lire encore la fausse lettre écrite soi-disant par sa mère.

Elle était encore trop jeune pour comprendre que ces misérables tenaient à la cacher afin de ne pas être découverts par la police.

Si tu veux que nous te remettions à ta mère, poursuivit « Le Boiteux », tu devras rester très sagement ici jusqu’à ce que je l’aie découverte. Autrement « L’Araigne » te réclamera et tu seras alors forcée de retourner chez elle, même contre ton gré.

Nullement convaincue par ces paroles, Mireille demanda, soupçonneuse :

— Et vous ? Que retirez-vous de tout cela ? Pourquoi tenez-vous tant à ce que je retrouve ma mère ? Je suppose que vous le faites uniquement par intérêt ?

« Le Boiteux » éclata de rire et échangea un regard amusé avec son complice, puis il répliqua :

Parfaitement raisonné, fillette ; ta mère devra nous remette une somme rondelette pour que nous lui disions où nous cachons sa fille. As-tu compris, cette fois ?

— Oui, répondit Mireille avec mépris, et je comprends aussi que vous êtes une canaille !

L’homme ne s’offensa nullement de cette réponse, qui parut au contraire, exciter sa gaieté. Puis, cessant de rire, il reprit froidement :

— Très bien ! Cependant, il est entendu que tu resteras ici sans crier ni faire aucun bruit, n’est-ce pas ?

— Oui, Monsieur, répondit vivement Mireille. Pourtant, je voudrais bien ...

« Le Boiteux » fronça les sourcils et la fixa avec une expression pleine d’ironie.

— Eh bien ! Achève ce que tu voulais dire, fait-il pourtant.

— Je voulais seulement vous demander de rassurer Pierrot à mon sujet, révéla naïvement la petite fille.

« Le Boiteux » fixa son complice qui éclata de rire en entendant ses mots, puis il demanda sévèrement à Mireille :

— Que t’importe ce gamin ?

— Il m’importe beaucoup, au contraire, protesta-t-elle ; nous sommes exactement comme frère et sœur, tous les deux.

— Et il ira ensuite raconter à tout le monde que tu es ici ! Objecta son interlocuteur.

— Il n’en fera rien si vous lui confiez tout ce que vous venez de me dire, affirma Mireille.

— Pour plus de sûreté, il vaut mieux ne rien lui raconter du tout, déclara-t-il. Sois patiente et tu ne tarderas pas à le revoir. A présent allons tous nous coucher ; il est très tard !

Mireille se sentait extrêmement heureuse malgré ses craintes et le refus de rassurer son grand ami qui devait tant s’inquiéter.

« Pourvuquetoutsoitvrai !QuemademoiselleValériesoitréellementmamaman !Cestcertainementlaraisonpourlaquellejelaimaissifort !Quisaitcequelleferalorsquonluirévéleraquesapetitefillenestpasdutoutmorte ...etquecestmoi.Elledanseradebonheur !Elleserafolledejoie ! »

« Maman,mapetitemamanadorée,commejelaimerai !Encorebienplusquavant !Sedisaitlenfant. »

Elle ne pouvait réussir à s’endormir. Elle ne cessait de penser à Valérie et à la stupeur de Pierrot lorsqu’il saurait.

Par moment elle craignait que tout se fût que mensonge alors, son cœur se serrait ... Mais non, elle sentait bien que c’était vrai ! Vrai !

Finalement épuisée par tant d’émotions, elle tomba dans un profond sommeil ...

 

( A SUIVRE LE 25 AVRIL )

 

Lundi 23 avril a 14 Heures serie de photos

 

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