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LES JEUNES FILLES D'AMÉRIQUE

12 Novembre 2012, 09:00am

Publié par nosloisirs

 

LES JEUNES FILLES D'AMERIQUE VEULENT

DES MARIS TITRES MAIS

ELLES Y METTENT LE PRIX

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Les dots des jeunes Américaines qui épousèrent des nobles Européens

se montent au chiffre de 825 millions.

 

Malgré un léger mépris qu'elle feint de manifester à l'égard du vieux monde, la libre Amérique ne dédaigne pas, comme on sait, de s'approvisionner sur notre continent de certaines petites choses : objets d'art, vieux meubles et châteaux moyenâgeux qui, démolis pierre à pierre sont réédifiés dans l'Ohio ou le Massachusetts.

Mais le principale objet d'exportation le plus demandé, est, à coup sûr, le gentilhomme.

Trouvant insuffisant leurs titres de princesses du pétrole ou des chemins de fer (qui ne donnent pas droit au Gotha) toutes les filles de milliardaires rêvent de devenir duchesses, marquises, comtesses. Comme elles savent et peuvent bien y mettre le prix, elles y parviennent assez aisément et c'est ainsi que nous vîmes Miss Consuelo Vanderbilt fille du grand Cornélius devenir duchesse de Marlborough et miss Goelett troquer ses 50 millions et son nom contre celui de Roxburgh.

Tout ce que l'Amérique compte de milliardaire, fut alors ébloui par tant de splendeurs et la chasse aux grands noms commença.

Bientôt la famille Gould n'eut plus rien à envier aux Vanderbilt lorsque Miss Anna (actuellement princesse de Sagan) devint comtesse de Castellane.

On dit que lors de son mariage avec le comte Boni, la fille de Jay Gould reçut en dot 40 millions. Mais par prévoyance 5 millions seulement furent placés sous le contrôle de son mari.

Les Vanderbilt devaient d'ailleurs reprendre bientôt l'avantage ; Miss Gladys moyennant 150 millions, s'offrit le titre de comtesse Szechebyi Marlborough, Castellane ou Sagan sont évidemment des noms reluisants et l'on conçoit que celles qui s'en affublèrent en aient éprouvé quelque fierté. Toutefois ce n'était rien si l'on songe que cette Miss Elkins, dont il fut tant parlé ces temps-ci, deviendra tout simplement lorsqu'elle aura épousé le duc des Abruzzes, cousine germaine du roi d'Italie.

 

JEUNES-FILLES-02--.jpegOn évalue à 825 millions le total des dots servies aux jeunes filles américaines, mariées à de nobles étrangers. Voici quelques chiffres :

Duchesse de Marlborough 50 millions ; Lilian comtesse de Marlborough 20 millions ; duchesse de Roxburgh 50 millions ; duchesse de Manchester 10 millions ; Consuelo duchesse e Manchester 5 millions ; lady Curzon 25 millions ; Cora comtesse de Strafford 5 millions ; comtesse Craven 5 millions ; comtesse de Donoughmore 2 500 000 ; comtesse de Yarmouth 5 millions.

On cite encore avec 5 millions de dot : Princesse Cantacuzène (Miss Grant la petite fille du général) princesse Serge Beloselsky de Russie (Miss Susan Whittier) comtesse de Beroldingen (Miss Marguerite Stone) duchesse de Valencay (Miss Ellen Morton) ; princesse Colonna (miss Mackay) ; comtesse Festetics (Miss Haggin)

L'attrait des titres pour les jeunes Américaines est si grand que plusieurs n'hésitèrent pas à épouser des nobles un peu déchus ; Miss Margaret Tailor offrir sa main au comte Imperatori que tout New-York avait vu jouer du violon dans un orchestre de restaurant à la mode et miss Emily Moekel devint comtesse Ferrari en épousant un garçon de café.

Tout n'est pas rose d'ailleurs dans le métier de mari de jeunes héritières. Le baron hongrois Takacs de Kis Joka en fit la triste expérience, lui qui épousa la fille de Charles Hart de Cheveland.

Son beau-père lui consentit un modeste versement de 2 000 francs pour couvrir les frais de la lune de miel et une mensualité de 400 francs.

D'ailleurs ces jeunes filles qui voulurent à tout prix acquérir des titres, dont nombre de gentilshommes européens commencent à sentir la vanité, ne connurent pas non plus toujours le bonheur.

Presque toutes apprirent ce qu'il en coûte de vouloir briller dans le monde. Le cas de Miss Anna Gouïd est trop récent pour qu'il soit nécessaire d'insister.

Mais la plus triste et le plus tragique destinée est sans contredit celle de Miss Shonts, duchesse d'un mois qui devant la sépulture des de Luynes où l'on a descendu la dépouille du duc de Chaulnes son mari, a fait retomber sur son visage ses voiles de veuve.

 

REVUE NOS LOISIRS DU 28 JUIN 1908

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