Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

LES CHAPEAUX

3 Octobre 2012, 09:00am

Publié par nosloisirs

 

LES-CHAPEAUX--.jpeg

Le chapitre des chapeaux n'est pas clos. Les grands chapeaux des petites dames, si incommodes au spectacle, auront peut-être une heureuse influence sur les moyens. Il arrive ceci, ni plus ni moins ; que les élégantes ne peuvent plus entrer dans les compartiments de chemins de fer ni dans les voitures publiques. On en a vu qui, à force d'adresse, avaient réussi à pénétrer dans un fiacre mais qui, pour s'y tenir sans écraser leurs fleurs et briser leurs plumes ont dû rester agenouillée ou accroupies durant le trajet.

Cet état de chose ne saurer durer. Il faut modifier ou le contenant ou le contenu, c'est-à-dire qu'il faut agrandir les fiacres, les wagons, ou rapetisser les chapeaux. Comme il n'est pas possible que les femmes cèdent, les compagnies capituleront. Et grâce à l'énergie de nos charmantes compagnes, nous aurons enfin des véhicules pratiques.

Allez, mesdames, tenez bon ! Boycottez les entreprises qui ne se plient pas à vos exigences, à vos commodités. Nous en profiterons, nous, les pauvres hommes, qui ne sommes pas capable d'obtenir ce que nous voulons.

Mais ce n'est pas tout. Si les femmes continuent ce ne sont pas seulement les véhicules qu'il faudra modifier; ce seront aussi nos maisons. Car aucune porte, si large soit-elle, ne suffira désormais pour que nos élégantes y puissent passer.

Mais consolons-nous en pensant que nos ancêtres eurent eux aussi, à souffrir des trop grands chapeaux.

L'anecdote suivante en fait foi.

Elle date du XVIIIe siècle.

C'était à l'opéra. Agacé par le chapeau d'une femme qui lui bouchait la vue de la scène, un spectateur coupa deux plumes de cette coiffure.

Aussitôt un gentilhomme pria le « coupeur de plumes en quatre » de le suivre dans la rue et là, les deux chevaliers mirent flamberge au vent et se coupèrent proprement la gorge.

Aujourd'hui les grands chapeaux ne provoquent plus de duels. Les spectateurs qui veulent voir le spectacle protestent où vont se plaindre au contrôleur.

Il paraît d'ailleurs que les Anglais ont tenté de lutter contre cette mode envahissante. Et, gens pratiques, ils ont recherché la cause principale du volume de ces coiffures. Ils découvrirent que ce n'était pas tant la « forme » dont la grandeur état excessive que toutes les plumes dont elles les agrémentaient.

Ceci établi, il ne leur restait plus qu'à agir.

Ils fondèrent alors une ligue contre « les ornements volumineux des chapeaux féminins »

Ils viennent d'obtenir un premier procès. Un projet de loi vient d'être déposé aux termes duquel l'importation des oiseaux dont le plumage est le plus recherché sera punie d'une amende de cinq livres.

Mais la loi n'est pas encore votée et le commerce des plumes d'oiseaux est encore très florissant, en Angleterre. Pendant les dix derniers mois de l'année 1907, on a vendu, notamment les épouilles de 115 000 hérons blancs.

Et d'ailleurs si la mode des plumes d'oiseaux venait à passer, soyez sûr que les femmes prendraient leur revanche. Elles remplaceraient les plumes géantes par des fleurs et des feuilles gigantesques.

 

                            REVUE DE NOS LOISIRS DU 14 JUIN 1908

Commenter cet article