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VOTRE OPI,NION ET LA NOTRE 2/2

22 Septembre 2013, 09:00am

Publié par nosloisirs

VOTRE OPINION ET LA NOTRE 2/2

Le bon roi Dagobert est enfin réhabilité. Après avoir connu si longtemps l'humiliation des chansons enfantines et de l'imagerie d'Épinal, il trouve la gloire au Théâtre-Français. La patience est nécessaire dans la vie, et même après la mort, quand on veut obtenir justice.

Le roi Dagobert n'était nullement un personnage ridicule. Nous sommes portés à railler les hommes qui ont vécu loin de nous dans le temps et les hommes qui vivent loin de nous dans l'espace. Nous nous trompons presque toujours. Le roi Dagobert était un prince lettré, intelligent, magnifique et son ministre « le grand Saint Éloi » un artiste éclairé.

Les Mérovingiens avaient gardé ou ressuscité une partie de la culture romaine ; ils faisaient des vers latins ; ils aimaient le luxe. Mais comme ils sortaient à peine des forêts germaniques, ils apportaient aussi dans la vie des passions violentes, la fougue, l'énergie de vigoureux barbares. Leur existence mieux comme depuis les admirables travaux d'Augustin Thierry différait beaucoup de la nôtre ; mais il ne faut pas la juger d'après nos goûts, d'après nos habitudes, c'est-à-dire en réalité d'après notre tempérament d'hommes vieillis.

Les chasses officielles de Dagobert et de sa cour étaient plus émouvantes et plus pittoresques, surtout plus viriles, que nos tueries de faisans et de lapins. A l'autre extrémité de l'échelle sociale, le guerrier pauvre et libre qui vivait de son troupeau sur la lisière d'une belle forêt, n'eut pas changé son sort contre celui de notre ouvrier de la mine, de la verrerie du tissage ou de la filature.

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On prépare déjà en Provence des fêtes pour célébrer le cinquantenaire de la publication de Mireille. Tous les anniversaires de l’œuvre deviendront des occasions de réjouissances dans cette heureuse province, comme tous les anniversaires de l'auteur.

C'est par hasard qu'un obscur homme de lettres, chargé d'une enquête sur les dialectes méridionaux découvrit le poème de Mistral ; il le signala à Dumas qui le signala à Lamartine, qui en fit compte rendu dans son cours de littérature. Et voilà l'auteur lancé qui est classé maintenant parmi les grands parmi les illustres.

Sur cent personnes qui acclament Mistral et Mireille, il n'y en a pas une qui connaisse le dialecte provençal. Même parmi les Provençaux beaucoup affirment que la langue de Mireille n'est pas la leur et que le poète y a introduit une multitude de mots et de forme exotiques. Personne ne peut aller voir, tout le monde admire la confiance.

On propose Mistral pour l'Académie Française. Les Norvégiens, qui décernent chaque année le prix Nobel, ont choisi Mistral comme lauréat français, croyant que Mireille est écrit en français. Aux États-Unis où le français est enseigné surtout par des Allemands, les professeurs font semblant de croire que la littérature française s'est arrêtée à la langue d'oc, et ils donnent Mireille comme son dernier produit. On ne trouverait pas facilement un autre exemple de mystification aussi complète.

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Savez-vous pourquoi les Apaches sont maîtres de la rue du crépuscule à l'aurore et quelquefois en plein jour ? Eh bien c'est la faute de l'Ancien Régime.

L'Ancien Régime a défendu, par Déclaration du Roi (1728) « le port des poignards , couteaux en forme de poignards, pistolets de poche, épées en bâtons, bâtons à ferrement et autres armes secrètes offensives et cachées » La Résolution qui a changé une foule d'étiquettes, mais qui a changé effectivement peu de choses, a respecté la déclaration royale de 1728. nous vivons toujours sous le coup de cette décision, rendue par le jeune Louis XV pour la commodité de Cartouche.

Les malfaiteurs qui risquent l'échafaud ou le bagne ne regardent pas à risquer plus de 16 francs d'amende. Mais les honnêtes gens redoutent toujours une condamnation, un casier judiciaire. De sorte que les malfaiteurs sont tous armés, tandis que les honnêtes gens sont désarmés. Ils ne prennent les armes que pour régler leurs affaires passionnelles, où la fusillade est admise par le jury.

On avait longtemps cru que le revolver « au delà de 15 centimètres » ne donnant pas lieu à contravention. Erreur profonde. Les tribunaux réprouvent les fortes armes comme les petites : 16 à 200 francs d'amende, six jours à un mois de prison. A telles enseignes que le tribunal correctionnel de Paris traduisait dernièrement à sa barre, pour port d'arme prohibée, un homme qui avait été assassiné en juillet, faute d'avoir eu son revolver ce jour-là ! Les assassins lui ont évité une condamnation.

REVUE NOS LOISIRS DU 15 NOVEMBRE 1908

VOTRE OPI,NION ET LA NOTRE  2/2
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