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VOLERA... VOLERA PAS...!

21 Mai 2012, 09:00am

Publié par nosloisirs

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L'auteur de cette amusante fantaisie imagine les conséquences comiques ou peuvent aboutir aux inventions parfois si ingénieuses de la publicité moderne. Ce récit humoristique est d'une actualité très immédiate car la publicité et la réclame sont entrées dans nos mœurs, et le public sait aujourd'hui que les commerçants lui indiquent et lui suggèrent où il trouvera les objets donc il en a besoin.

 

Un beau matin, les Parisiens en s'éveillant virent de larges bandes de papier tapisser les murs, les palissades, l'intérieur des tramways et les voûtes du Métropolitain.

Ces bandes d'un rouge éclatant portaient ces mots énigmatiques : « Volera-t-il ? »

Des gens bien informés prétendirent qu'on voulait lancer un roman sensationnel dont le héros était un cambrioleur en buttes aux poursuites d'un détective amateur, genre de littérature très goûté à notre époque. D'autres assurèrent que c'était tout simplement par attirer l'attention sur un nouveau produit alimentaire à base de talc, denrée essentiellement légère. Bref, on ne savait rien et les affiches, incessamment renouvelées, continuaient à exposer aux regards des passants la phrase mystérieuse.

Ce fut bientôt le mot à la mode ; toutes les conversations se terminaient par un « Volera-t-il ? » interrogatif auquel succédait un « Je ne sais pas ! » incertain. Les revuistes, gens d'esprit comme chacun sait, s'en emparèrent et les commères furent trissées dans des couplets fort spirituels dont voici un échantillon :

 

Un volatil'

Ça vol'ra-t-il ?

Y n'vol'ra pas

Si y n'peut pas...

etc. etc...

 

Couplets que le public reprenait en chœur ce qui est le critérium du succès pour un refrain de café-concert.

Ce « volera-t-il » devenir hallucinant ; on le retrouvait aux devantures des magasins, où il inspirait l'ingéniosité des commerçant avisés ; sous petit format, il se pavanait dans les endroits les plus discrets ; gigantesque, il servait de fresque aux murs mitoyens inoccupés des maisons à six étages ; des mains expertes l'insinuaient sous forme de papillon dans les poches, et un fabricant de diabolos ayant eu l'heureuse idée de baptiser : « Volera-t-il » un nouveau modèle de ce jeu, fut fortune en rien de temps. Plusieurs esprits faibles crurent devoir exprimer au concierge de l’Élysée qu'il s'agissait peut-être du Président de la République, ce qui eut pour conséquence de les faire amener sur-le-champ à l'infirmerie spéciale du Dépôt.

Brusquement les affiches émettant le doute disparurent pour faire place à d'autre où on lisait cette certitude « Il ne volera pas »

Du coup ce fut du délire, d'autant plus que deux semaines après, une nouvelle série de bandes apposées sous les précédentes, émettaient l'opinion contraire : « Il volera »

Sans même savoir de quoi il s'agissait deux camps se formèrent ; les partisans de la négative et ceux de l'affirmative. Des paris furent tenus et acceptés ; des discussions, d'abord courtoises, faillirent dégénérés en rixes ; l'opinion publique délaissait le satyre à la mode où le compte rendu des opérations militaires contre le Maroc pour ces deux questions irritante autant qu'insolubles ; on ne voyait que visages soucieux et fronts perplexes. Il fallait que cela eût une fin, ou de graves incidents étaient à craindre, tant la surexcitation était à son comble.

Enfin petit à petit les journaux commencèrent à divulguer le secret. Par petits paquets, telle une manifestation politique dirigée par M. Lépine en personne, la vérité filtra à travers les Échos, Informations, Faits divers, Nouvelles et autres rubriques semblables.

Le grand quotidien « L'Écho du Panthéon » (fil spécial avec Mexico) donna des éclaircissements nécessaires dans un article qui eut un retentissement énorme. Citons-en un extrait :

« … Puisque l'aviation est à l'ordre du jour il importe de faire connaître à l'univers qu'un homme de génie a trouvé le moyen de s'élever et de se diriger à son gré dans les airs. Oui, le problème est résolu, la navigation aérienne n'est plus un mythe. D'ici quelques jours, un nouvel aéroplane sillonnera les routes célestes, en dépit du vent, de la tempête et de l'ouragan. L'inventeur contre lequel une monstrueuse campagne d'affiches a été dirigée, est certain du résultat. Son appareil un chef-d'œuvre de précision et de mécanique, est prêt à s'élancer dans l'infini. Dimanche prochain, la première expérience aura lieu au champ de manœuvres d'Issy. Que tous ceux qui veulent assister au triomphe accourent !... Que toute la population soit présente pour acclamer le hardi novateur qui va révolutionner le monde... »

Il y en avait trois colonnes sur ce ton. Le roman sensationnel et le produit alimentaire avaient vécu. Seul, l'aéroplane restait en cause et le rôle odieux des affiches contradictoires fut ainsi découvert ; ce n'étais que le résultat déplorable de la jalousie des rivaux voulant faire sombrer dans le ridicule l'aéroplane de son inventeur. Certains trouvèrent bien un peu étrange de la part des aéronautes malchanceux cette façon de manifester leur dépit, mais on passa outre et toute la curiosité et la sympathie allèrent à l'homme de génie, au hardi novateur... (voir plus haut)

Aussi le dimanche an,noncé, une foule immense accrue du contenu d'une dizaine de trains de plaisir se rua vers le champ de manœuvre.

L'expérience devait avoir lieu à quatre heures du soir ; à midi, il n'était déjà plus possible de circuler dans les rues qui conduisaient à Issy ; des intrépides avaient passé la nuit pour posséder une place avantageuse ; les arbres étaient métamorphosées en observatoires ; un petit banc valait cinquante centimes, une chaise deux francs et le dernier échelon d'une échelle, un louis. A trois heures les commissaires divisionnaires chargés d'assurer le service d'ordre demandaient d'urgence du renfort à la Préfecture. Le spectacle était inoubliable et l'enthousiasme indescriptible.

A quatre heures sonnant, la porte d'un petit hangar situé au milieu du champ, s'ouvrit et l'on vit s'avancer un appareil compliqué, pourvu d'hélices, de gouvernails, de fils, de plans inclinés, le tout constituant un engin bizarre et inconnu. A la direction , le déjà célèbre inventeur se tenait dans l'attitude d'un monsieur qui est sûr de réussir. Une formidable acclamation le salue, puis il fait signe de s'écarter et met le moteur en marche ; aussitôt les hélices tournent, l'aviateur fait un mètre, deux, dix, vingt, essaie de s'envoler, n'y arrive pas, recommence trente fois de suite et, finalement à la suite d'une embardée trop brusque, se réduit en une lamentable marmelade, tout comme un aéroplane qui se respecte.

Alos, le hardi novateur, sorti indemne de l'accident, monte sur son hanger et déploie aux yeux de la foule stupéfaite, une immense bannière sur laquelle se détachait les mots suivants :

« Abonnez-vous à LA TERRESTRE compagnie d'assurance contre le vol. la seule, jusqu'à ce jour qui ait empêché un aéroplane de voler »

 

 

Ceux qui portent les palmes où la Légion d'honneur ne sont rien , mais rien du tout, auprès de sir Robert Hart, le directeur des douanes chinoises.

Sur son grand uniforme, il peut aborder l'Ordre du Soleil-Levant, la grande croix du Dragon de l'Annam, le grand cordon de la couronne d'Italie, la grande croix du Christ de Portugal, le grand cordon de l'Ordre de Léopold, la grande croix de l'Ordre de François-Joseph, la Légion d'honneur, la grande croix de l'ordre d'Orange-Nassau, la croix de l'Ordre de Wasa, la grande croix de l'Étoile polaire, la couronne de Fer, l'Ordre de Pie IX et toutes les décorations américaines.

Pour une brochette, c'est une brochette !

 

 

On a beaucoup parlé de l'origine du diabolo. Elle est en réalité très lointaine.

Le commandant anglais Verney-Vorvet-Gameron, qui fit en 1872 et 1876 un voyage d'exploration en Afrique, le décrit comme un des passe-temps favoris des habitants de la région de Zanzibar.

Quelquefois, écrit cet officier anglais, un esclave de Djoumah nous divertissait par ses tours d'adresse. Avec deux bâtonnets d'un pied de long, reliés par une cordelettes d'une certaine longueur, il imprimait à un morceau de bois, taillé en forme de sablier, un mouvement de rotation rapide, le faisait courir en avant, en arrière, le lançait plus haut qu'une balle de cricket, puis le recevait par la corde et continuait à le faire rouler

Les bons nègres et les petits enfants de France s'amusant de la même façon.

 

REVUE NOS LOISIRS DU 12 AVRIL 1908

TOUS LES LUNDIS A 14 HEURES SERIE DE PHOTOS

 

VOLERA... VOLERA PAS !...

Fantaisie humoristique par Édouard BIGOT

 

 

L'HOMME DONT LA POITRINE EST LA

PLUS CONSTELLÉE DE CROIX

 

 

CE SONT LES NÉGRES D'AFRIQUE QUI

ONT INVENTÉ LE DIABOLO

 

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